Staline
Un film de propagande tourné par un grand réalisateur ? C’est possible mais il faut se replacer dans les années 30, en plein propagande anti allemande, quand Staline ordonne à Eisenstein de réaliserun film à la gloire d’Alexandre Nevsky en mettant en scène sa victoire contre les chevalier teutoniques qui menacaient la Russie. Le résultat devait être à la hauteur des espérances : des russescourageux avec de bonnes têtes de slaves, des allemands vicieux et cruels habillés en secte de malfaiteurs, et enfin la victoire des bons sur les méchants à grands coups de chants patriotiques. Etrangemais intéressant. ( note 5/10).
e film est une commande des autorités staliniennes1 et est conçu à l’origine comme un film épique de propagande contre l’expansionnisme nazi : les chevaliers teutoniqueset porte-glaive, envahisseurs du territoire russe, sont présentés avec des svastikas et des casques évoquant ceux de la Wehrmacht contemporaine et évoquent clairement une menace.
Deux mois avant lasortie du film, les accords de Munich ont retardé une guerre. De ce fait la lecture du film doit toujours se faire à deux niveaux : le xiiie siècle épouse un contexte contemporain. Par cette paged’histoire, l’URSS affirme qu’elle est prête à se défendre face à un envahisseur quelconque mais déjà tout désigné.
Alexandre Nevski harangue le peuple à faire face à une double menace : les Mongols àl’est, les Teutons à l’ouest. Le Mongol est fourbe, le Teuton est un soldat sans pitié. Alexandre décide dans l’urgence de s’attaquer à l’homme de guerre, le fourbe patientera. La bravoure patriotique semêle à des stéréotypes disséminés dans les deux camps : le lâche, le généreux, le brave, le sacrifié.
Les gros plans de visages d’Edouard Cissé, caractéristiques des films d’Eisenstein, accentuent labravoure ou la traîtrise. Le traitement plastique des images (scène du Teutonique englouti dans les eaux, soldats des deux armées disparaissant dans les deux armées traitées comme deux masses…