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Chapitre 1 : Le châtiment

Murtagh, toujours sur son dragon couleur rubis, Thorn, demeurait dans cet état qui était le sien depuis son départ d’Urû’Baen. Il n’arrivait toujours que très peu à communiquer avec sa monture, tout en ayant le sentiment qu’un filin externe le reliait à lui d’une étrange façon.

C’est alors que le dragon commença à être parcouru de spasmes, detremblements violents et piqua dangereusement au sol. Murtagh ne pouvait rien faire, ressentant, à travers le lien que partage un Dragonnier avec sa monture, la douleur atroce qui mettait à bas Thorn. Cela dura une minute. Une minute de torture comme il ne l’avait jamais connu, malgré sa grande expérience en la matière, son maître, Galbatorix, lui donnant toujours volontiers une correction. Une minutequi sembla une éternité. Tous ses membres lui envoyaient des signaux de douleur, et à ce flot s’ajoutaient ceux de son dragon. Et ils s’écrasèrent lourdement au sol, dans une plaine déserte, face au soleil, en plein zénith.

Lorsque Murtagh reprit conscience, l’astre de vie n’était déjà plus, et ses membres restaient endoloris, mais il se sentait mieux qu’aucun jour auparavant, il sesentait libre de ses mouvements, mais surtout libre de penser. Il se tourna alors pour voir son ami, et un cri d’effroi fit vibrer la moindre fibre de son corps : Thorn était dans un piteux état. Ses pattes, écorchées de part en part, ruisselaient de sang noir ; l’une de ses ailes était fracturée, la fine membrane la parcourant bleuissant à certains endroits. Mais le plus effrayant était sa tête : desécailles avaient été arrachées au-dessus de l’une de ses énormes paupières, recouvrant, pour ne plus le voir, son œil droit. Sa lèvre inférieure était meurtrie, et apparut alors un trou dans celle-ci : son dragon, dans sa chute, s’était cassé une dent, tellement le choc fut violent. Une rage pure coula dans les veines de Murtagh, qui frémissait d’horreur, et jura contre le fautif, celui qui étaitla cause de sa situation, Galbatorix. Il reprit la dent du dragon et voulut jurer de venger son dragon en ancien langage, mais les mots ne purent traverser sa bouche, le frustrant d’autant plus.

Aussitôt il se mit à la tâche, soignant grâce à sa magie, les fractures et autres morsures que la terre lui avait faites. Thorn reprit conscience durant cette séance, aidant du mieux qu’ilpouvait son Dragonnier. C’était l’une des rares fois où ils se sentaient aussi proches l’un de l’autre, ils étaient presque en phase. Presque.

Après une attente de deux heures, durant lesquelles Murtagh fulminait contre son roi et sur ce qu’il lui avait obligé à faire contre son propre frère, ils décollèrent en direction de la cité noire. Ni l’un ni l’autre ne parla de ce qui s’était passé sur lesPlaines Brûlantes. Une des citadelles apparut alors, et ils savaient fort bien ce qu’il s’y passerait : ils seraient punis sévèrement par le roi, et devraient agréer de nouveaux serments, amenuisant encore plus leur marge de manœuvre. Mais pour l’instant ils profitaient de ce moment de répit, où nul ne semblait pouvoir les atteindre.

Thorn se posa sur le jardin de l’aile ouest du château,déposa son passager en l’encourageant de son mieux, puis s’envola jusqu’à sa couche, où il pourrait enfin reposer ses membres fatigués. Sa rencontre avec Saphira, peu amicale, l’avait secoué de tout point de vue. Murtagh montait les marches de marbre blanc lorsqu’une voix l’arrêta : c’était Malara, l’une des servantes du château, qui devait sans aucun doute lui donner un message du roi. D’une voixtremblante, elle lui transmit sa convocation immédiate devant le roi, puis partit aussitôt, ne connaissant que trop bien le caractère disons…aléatoire du jeune Dragonnier.

Murtagh gravissait les marches rapidement, de sorte que la punition, inéluctable, finisse le plus tôt possible. Pendant ce temps Shruikan se rendit à la couche de Thorn, et se figea devant lui. L’inquiétude gagnait le…