Synthèse de document sur l’héritage culturel
La première impression que laisse ce corpus est celui d’une certaine division : le rapport immédiat échappe en effet entre un texte qui affirme l’importance du legs des humanités classiques (doc. 3) et un autre où se trouve niée point par point la possibilité actuelle de cette transmission (doc. 2). Deux documents non argumentatifs, un extrait d’une pièce de théâtre (doc. 1) et un dessin dePlantu croquant la génération « Hitler, connais pas » (doc. 4), renouvellent cette opposition : dans le texte théâtral, le fils, quoique mollement, souscrit à l’offre de collaboration de son père, cependant que les adolescents de Plantu témoignent négligemment de leur inculture historique. L’exercice de synthèse se trouve donc ici pleinement justifié : il convient en effet de réunir les documents malgréleur division dans une problématique capable de mettre en relief leurs aspects complémentaires.
Cette problématique tourne à l’évidence autour de la transmission de l’héritage du code culturel : nos documents la présentent tous comme nécessaire et fructueuse, mais menacée. Quelles sont les raisons de cet échec ? On ne peut répondre que de manière partagée : si nul n’a la responsabilité directeet entière de cet échec, tout le monde en détient néanmoins une part, les enfants, les parents et la société d’abord, dans la prodigieuse accélération de ses mutations.
On pourra donc entreprendre un plan thématique, envisageant d’abord la nécessité de l’héritage culturel puis les conditions défavorables à sa transmission.
I – La nécessité de l’héritage culturel :
il fournit une identité :Comment tu veux faire pour savoir qui tu es et d’où tu viens si tu ne t’intéresses pas à ce qui a existé avant toi ? demande Charlie à son fils (doc. 1). Etienne Gruillot confirme : sans la culture, mémoire de l’humanité, l’individu ne serait qu’une abstraction. A ce titre, les adolescents de Plantu paraissent en effet, dans leurs vêtements, leur nourriture, leur langage, singulièrementstéréotypés (doc. 4). Voilà pourquoi, comme le note Bernard Préel, il faut programmer les nouveaux arrivants (doc. 2)
il maintient le lien avec le passé : l’inculte se prive de la grande compagnie des morts qui éclaire et enchante le monde des vivants, affirme Etienne Gruillot. L’auteur rappelle comment les artistes éduquent notre sensibilité en nous apprenant à voir et à ressentir (doc. 4). C’est ce que ditCharlie à son fils : aller au musée lui fera ressentir des sensations nouvelles. De son côté, Bernard Préel sait bien qu’on n’en a jamais fini avec la transmission du code culturel. Il faut le reprogrammer en permanence (doc. 2). L’auteur rappelle la leçon des aînés aux jeunes qui est de ne pas tomber dans les mêmes errements (doc. 2). Mais cet héritage, pour ne pas être un esclavage, doit êtreremanié et critiqué (doc. 3).
il vivifie la communauté humaine : l’inculture, c’est le fait de se croire ou de se vouloir orphelin, note Etienne Gruillot. Charlie essaie de maintenir vivant le dialogue avec son fils quand il entreprend de l’aider dans son devoir, insistant tout au long de son discours sur l’adverbe « ensemble » (on y retournera et on les regardera ensemble). Orphelins, c’est ceque paraissent être les adolescents de Plantu, égarés dans le présent, oublieux de la communauté des morts, cependant que, derrière eux, la statue, hiératique, reste enfermée dans son histoire muette et oubliée. Etienne Gruillot évoque la religion de l’Humanité d’Auguste Comte : la religion est bien en effet ce qui relie.
Or tous nos documents font le constat d’un legs impossible et enrecensent les raisons.
II – Un conflit d’héritage :
les mutations sociales : selon Etienne Gruillot, c’est l’hérédité de nos appartenances sociales qui bloque l’accès à l’héritage culturel. Le patrimoine collectif de l’Humanité se trouve ainsi disloqué. Parents et enfants ont évolué dans des contextes différents et le cycle de la vie ne s’arrête pas de tourner, l’histoire est toujours à suivre…