Tartuffe acte 3 scène3
I. Un discours amoureux
A. Classicisme
En soi, le discours de Tartuffe est un « discours amoureux » classique. Le vocabulaire mélioratif et hyperbolique est présent ; « ses plus rares merveilles », »des beautés », « parfaite créature ». Tartuffe prend une posture de suppliant. On remarque l’omniprésence du « je », mais un « je » qui se dévalorise : « mon infirmité », « mon néant ». La dame, elle, est »souveraine », a entre ses mains le sort de l’amant (v. 960, marqué par un parallélisme et une antithèse ; le « malheur » de l’amant dépend du caprice de l’aimée : « s’il vous plaît »). Tartuffe fait le récitdes angoisses et des luttes vaines pour résister à l’attraction de la dame (946-48 et 976-978) Enfin, on constate l’invitation à l’amour partagé.
Cette déclaration est très classique mais Tartuffeemploie une véritable argumentation.
B. Tartuffe, l’art de convaincre
L’argumentation est construite très rigoureusement, la tirade suit en effet une progression.
Tartuffe tout d’abord, formule sathèse. L’amour de la religion ne peut annuler l’amour qu’on éprouve pour les femmes, créations de Dieu « Nos sens facilement peuvent être charmés/ Des ouvrages parfaits que le Ciel a formés. »v.935-936.
Il glisse ensuite du général au particulier, il ne parle plus des femmes en général mais d’Elmire, « Il a sur votre face épanché des beautés » v.939.
Puis il relate sa première réaction face àune telle beauté et il explique qu’il a compris qu’associée à la pudeur cette passion n’est pas « coupable », et qu’il ne commet donc aucun péché en l’aimant. « D’abord j’appréhendais que cetteardeur secrète/Ne fût du noir esprit une surprise adroite; /Et même à fuir vos yeux mon cœur se résolut » v.945 à 947
Enfin il déclare que tout dépend d’elle à présent, «Et je vais être enfin, par votreseul arrêt, /Heureux, si vous voulez, malheureux, s’il vous plaît » v.959-960.
Ainsi, Tartuffe déploie une véritable argumentation, en levant tout les scrupules, afin de convaincre Elmire….