Traite des nègres
Article »Traite des Nègres » – Chevalier Louis de Jaucourt.
? Comment cet article de L’Encyclopédie dépasse le simple article de dictionnaire/encyclopédie pour devenir un texte critique et engagé ?
1.
De la définition à la dénonciation
2.
Les arguments servant à la condamnation de l’esclavage
I. De la définition à la dénonciation.
A) Un articled’encyclopédie
• texte informatif qui vise à l’objectivité : l’auteur de l’article doit aborder le sujet qu’il traite avec une certaine distance, hors de toute subjectivité personnelle.
• plusieurs règles pour un article :
l 1.2 : entrée de l’article (signe typographique qui la fait apparaître)
utilisation entre parenthèses + italique : champ de référence
l.2 : »c’est » : présentatif_formule classique pour une définition
l 3.4 : début de phrase qui reste descriptive
acteurs : »nègres » (l.2), »européens » (l.3).
CCL »côtes d’Afrique » (l 3.4) qui situe la situation
le substantif »achat » indique de quoi il est question (central)
l.4 : après la virgule, CCB qui est censé donner des explications. On peut penser à des données objectives or elle contient le nom »malheureux »
? L’engagement de l’auteur apparaît.
B) L’émergence de la subjectivité de l’auteur
(traces de jugement et de sentiment)
a) expression de sa compassion
• »malheureux », »nègres », »esclaves » : désignés trois fois dans la même phrase de façons différentes.
? Devenus esclaves par le passage du commerce
• »atroce » (l.16), »infortunés » (l.25)
? Compassion quimontre que Jaucourt joue sur le registre pathétique. On quitte alors l’objectivité de l’article.
b) expression de son indignation
• »viole » (l.6) renforcé par une énumération de COD forts : accumule la religion, la morale…
? Volonté d’amplification
• »crime » (l.16) : désigne l’esclavage
? On passe au registre polémique.
C) Un texte qui devient peu à peu un réquisitoire.__crime évoqué
• »crime » (l.16) évoqué par la périphrase »un commerce de ce genre » (l.15) : péjorative, met à distance ( »ce »), marque de jugement. Renforcés par »atroce ».
• »il n y a point » : place l’esclavagisme au sommet de la gravité de tous les crimes. On pourrait légitimer tous les autres.
__l’accusé
• »les Européens » (l.3) : terme très général qui désigne tout ceuxqui sont engagés dans ce crime, de près ou de loin.
• »leurs princes » (l.11) : ceux qui parmi »les nègres » vendent certains des leurs.
• »les rois, les princes, les magistrats » (l 16.17) : côté africain
• »son prince, son père » : enfants, sujets…vendus
• »juges des pays libres » (l.32) : revient aux Européens.
? Côté européen aussi bien accusé que le côté africain.Accusation à différents niveaux : institutionnel / géographique. Plusieurs accusés.
__le droit évoqué par Jaucourt
• l.9 : le droit de la guerre : fait référence à la justification des prisonniers de guerre. N’est pas utilisé dans ce cas; légitimation inacceptable. Pas de guerre avec le peuple africain.
• l.24 : »toutes les lois de l’humanité et de l’équité » : utilisation du vocabulairejuridique. Valeurs humaines et morales.
? Fait indirectement référence au Code Noir (dû à Colbert, disposition légale qui devait protéger les esclaves. Se retrouve à organiser les sanctions). Tout sauf humanité.
Règles humaines différentes de l’humanité, de l’équité.
Droit établi par les Européens. Échappe à toutes les lois universelles.
• l.12 : »prétendent » associé à »droit » :disqualifie ce prétendu droit.
? Jaucourt a donc convoqué le droit de la guerre et le droit des Européens. Illégitimes, ne tiennent pas. Il va utiliser comme référence une autre justice.
• l 6.7 : »religion, morale, lois naturelles, droits de la nature humaine »
• l 15 : parle d’un principe de morale
• l.24 : »humanité »- »équité »
? fait référence à une justice universelle qui lui…