Villes et mondialisation
Villes et mondialisation
La moitié de la population mondiale environ vit aujourd’hui dans un espace urbain. Quel est l’impact de la mondialisation sur cet urbain généralisé ? Ce qui est certain c’est que ce n’est pas la fin des territoires, ni des villes, comme certains l’ont prophétisé. Mais avec la mondialisation, les villes et les relations qu’elles bâtissent entre elles connaissent deprofondes mutations. Aussi, c’est certainement à l’échelle de la ville que l’on saisit le mieux les transformations de toutes sortes induites par ce processus.
A quoi renvoie la mondialisation contemporaine ?
Le terme de mondialisation est récent, apparu pour la première fois en France en 1964, dans le journal… Le Monde. Avant les travaux du sociologue Georges Friedmann, ce terme était peu usitéalors qu’il l’est beaucoup aujourd’hui, un peu à tort et à travers. On peut donner quelques définitions géographiques de la mondialisation qui se complètent :
Pour Olivier Dollfus, grand théoricien du système Monde, « c’est l’échange généralisé entre les différentes parties de la planète, l’espace mondial étant alors l’espace de transaction de l’humanité ».
Pour Laurent Carroué, c’est « leprocessus historique d’extension progressive du système capitaliste dans l’espace géographie mondial ».
Enfin, pour Jacques Lévy, il s’agit de « l’émergence du Monde comme espace, processus par lequel l’étendue planétaire devient un espace ».
On considère habituellement qu’il y a 3 stades de la mondialisation :
1ère mondialisation : A la fin du Moyen Age et au début de la Renaissance,c’est l’émergence d’économies-monde capitalistes (cf. Braudel), avec les Grandes découvertes et la constitution de réseaux de villes marchandes ;
2ème mondialisation : Les révolutions industrielles du XIXe siècle, où les États, par des politiques volontaristes, jouent un grand rôle, créent une société industrielle. Les échanges s’intensifient. La désindustrialisation des économies développéesindique que l’on est passé à un autre stade ;
3ème mondialisation : Elle commence dans les années 1980. Le développement et la généralisation d’une économie de service, le passage d’une organisation fordiste à une organisation post-fordiste, flexible, du système de production et le développement de l’électronique puis de l’Internet en sont les principales caractéristiques. On passe de plusieurséconomies-monde à une seule (cf. Braudel). A la différence de la précédente, la 3e mondialisation renforce le rôle des villes, concomitamment à l’affaiblissement de celui des Etats.
Le concept qui permet de signifier l’évolution des villes avec la mondialisation est celui de métropolisation
Pour le dire vite, les flux (quels qu’ils soient) ou la logique des flux remplace la logique des territoireset des lieux. Ceci implique qu’un espace « global », sans limites ni véritable(s) centre(s) émerge. Dans ce contexte, on constate une tendance, non pas récente mais accélérée, des grandes villes à devenir encore plus grandes. C’est la définition la plus sommaire du processus de métropolisation [1].
La métropolisation s’appuie sur 3 tendances lourdes qui affectent tous les pays développés depuisplusieurs décennies :
Une recomposition de la croissance démographique : dans un contexte de croissance démographique faible dans les pays développés, la croissance urbaine est d’autant plus le résultat d’une redistribution de la population entre les villes et entre les régions (parceque l’essentiel de la croissance urbaine reste l’accroissement naturel…). L’effet régional semble donc plusimportant que l’effet de taille (cf. Paulus et Pumain). Certaines régions (c’est-à-dire leurs villes et leurs campagnes) croissent, d’autres décroissent. Les PED ne sont pas encore entrées dans cette ère, qualifiée de « post-urbaine ». L’accroissement considérable de la population de leurs villes accompagne leur croissance démographique totale. Ces pays regroupent aujourd’hui plus de 180 villes…