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Quand les politiques publiques dévoilent les rapports de domination par Pierre MULLER
| Harmattan | Politique européenne 2006/3 – n° 20
ISSN 1623-6297 | ISBN 2-2960-1916-1 | pages 141 à 145

Pour citer cet article : — Muller P., Quand lespolitiques publiques dévoilent les rapports de domination, Politique européenne 2006/3, n° 20, p. 141-145.

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Pierre MULLERCONCLUSION QUAND LES POLITIQUES PUBLIQUES DEVOILENT LES RAPPORTS DE DOMINATION
Pour résumer ce qui nous semble être le fil directeur des différents articles réunis dans ce numéro de Politique européenne, on peut dire qu’il s’agit d’une réflexion sur l’apport entrecroisé des études de politiques publiques, des études européennes et des études de genre. D’un côté, on y voit que les gender studiesconstituent une sorte de cas d’école permettant de s’interroger sur certaines évolutions fondamentales de l’action publique et, en particulier, sur la question de la constitution d’un espace européen d’action publique. Réciproquement, l’étude –dans le cadre européen- des processus de mise sur agenda, de formulation et de mise en oeuvre des politiques donne à voir en quelque sorte l’état des rapports degenre dans un contexte socio-historique donné (Bard, Baudelot, Mossuz-Lavau, 2004). Voici donc, pour conclure provisoirement cette réflexion collective, quelques unes de ces pistes qui témoignent de ce que les études de genre dévoilent de l’action publique et de ce que les politiques publiques dévoilent des rapports de genre. 1) Sous des angles différents, les articles de ce numéro contribuent àanalyser la montée en puissance dans le champ de l’action publique en Europe, des politiques de la sphère privée. On sait que de nombreuses recherches, souvent inscrites dans la perspective des travaux de Michel Foucault (Lascoumes 2004) insistent sur la nécessité croissante du détour par les politiques publiques pour comprendre « le gouvernement de la vie » ou le « gouvernement des corps » (Fassin,Memmi, 2004). Les articles de ce numéro de Politique européenne insistent sur une dimension spécifique de cette prise en charge de l’intime à travers l’action publique : l’instrumentation de la famille et des relations de genre. En effet, dans un contexte de déplacement des frontières entre sphère privée et sphère publique, d’externalisation et de marchandisation des fonctions jusqu’ici exercéesdans le cadre de la famille et de rapports de genre spécifiques, l’action publique constitue probablement l’une des

142 meilleures portes d’entrée pour comprendre les évolutions en cours. Or dans ce domaine mouvant, les politiques de l’Union occupent une place importante, non pas que les gouvernements aient attendu la création de l’Union Européenne pour « s’occuper » de la famille mais parceque l’UE est l’un des lieux où se joue aujourd’hui la mise en visibilité des transformations des relations entre les hommes et les femmes. 2) Sous cet angle, les travaux présentés ici mettent l’accent sur l’un des aspects souvent controversés de ce que l’on a pu nommer les « technologies du pouvoir » dans les sociétés modernes : le pouvoir de « nommer » ou de « dire ». Plus encore que pour…