Notre dame d’afrique priez pour nous et les musulmans »
LA RESTAURATION SUSCITE LA CURIOSITE DES VISITEURS
« Notre Dame d’Afrique priez pour nous et les musulmans »
Par R. Moktari
Pelacée au dessus d’un cartier populaire de Bab El Oued, la Dame d’Afrique quitte ses échafaudages, ses bâches transparentes qui recouvreraient ses murs pour passer la fête de fin d’année dans ses plus beaux habits. Après trois ans de restauration, un travail minutieuxde réfection et réparation, estimé à plus de cinq millions d’Euros financés par la wilaya d’Alger, l’union européenne ainsi que des donateurs privés algériens et français. Le 13 décembre 2010, une cérémonie a marqué la fin des travaux où plusieurs cadres algériens et français étaient présents. « La liberté religieuse est une réalité en Algérie » C’est ce qu’a déclaré le ministre des affairesreligieuses Abdallah Ghoulamallah durant la cérémonie d’inauguration, en effet, c’est à travers l’engagement de structures publiques et privées Algériennes, Françaises et Européennes, dans cette grande initiative de restauration qu’on dépasse les frontières des communautés religieuses pour faire la paix entre deux grands univers, musulmans et chrétiens, notre dame est un symbole de respect mutuel etd’acceptation. La restauration suscite la curiosité des visiteurs Plus de trois cents personnes sont venues visiter « Lalla Meriem» comme aiment bien l’appeler les Algérois, dans une ambiance
très surveillée, en ce jour sacré du 24 décembre. A l’extérieur, les visiteurs n’échappent pas à la fouille, deux policiers en tenue à l’entrée du parking contrôlent scrupuleusement les voitures alors qued’autres en civiles patrouillent dans l’esplanade, le nombre important de visiteurs a étonné le père Claude, « Depuis que je suis ici, c’est la première fois que je vois autant de monde » a-t-il affirmé. Tout autour de la basilique, l’esplanade est ouverte au publique, espace goudronné qui fait le bonheur des enfants qui y jouent, et subjuguent les adultes qui s’affairent à prendre des photos de cemagnifique panorama s’ouvrant sur la mer, le ciel et la baie d’Alger. Une basilique musulmane chrétienne en terre
En levant la tête, la grandeur de l’édifice impressionne, la façade évoque un décor richement orné de colonnes, tout en haut autour de la bâtisse, un ruban de céramique bleue et blanche court le long des murs plats et le sommet des deux coupoles, au centre de la façade, face à la mer,une statue de « Marie » haute de trois mètres tend ses bras généreusement comme le père Claude, qui reçoit les gens à l’entrée de l’église. A l’intérieur, à droite, ouverte aux regards des visiteurs, une petite salle fait office de magasin où des bougies, des livres et autres articles religieux sont vendus. En
franchissant la porte intérieure, la douceur et la chaleur humaine apaisent lesfrissons en ces temps d’hiver, juste devant la porte, Sœur Francesca, une vieille dame, assise sur une chaise, couvrant ses jambes avec une petite couverture à rayures, un livre dans la main, se retourne parfois et regarde au dessus de ses lunettes, invitant gentiment les visiteurs à enlever leurs casquettes ou bonnets, elle guette le moindre bruit, et fait un signe de silence avec son doigt «Chuuut… ». L’odeur d’encens qui fume sa gloire embaume l’endroit, et la musique douce de l’orgue berce la présence, parfois émue, à l’instar de Mme Makdouda, une femme musulmane d’un certain âge, portant un foulard noir et une djellaba bleu nuit, couvrant ses épaules avec un poncho, « Je viens ici voir Mme l’Afrique chaque 24 décembre, j’ai de très beaux souvenirs en cette date, c’est merveilleux derevivre ces moments de partages avec nos frères et sœurs chrétiens » a-t-elle confié. Les visiteurs ne viennent pas que pour la nostalgie des lieux, mais aussi pour les découvrir, comme Mme XIAO, une touriste chinoise venue avec son mari « C’est très beau, c’est la première fois que je visite une basilique, c’est un endroit où on ne pense pas, c’est calme ». Dans le calme et la sérénité de lieux,…