Dissertation
Devoir n°1 : Les Pensées de Pascal.
Les Pensées de Pascal, une apologie de l’ordre ou du désordre?
Blaise Pascal, l’esprit universel, mourut en 1662 avant d’avoir achevé une Apologie de la religion chrétienne dont les fragments retrouvés par ses proches ont été publiés sous le nom de Pensées. Le fait que ces fragments aient été retrouvés parsemés dans la chambre de Pascal sans ordreprécis a engendré une multiplicité de possibilités pour les classer. D’où les différentes éditions et points de vue en ce qui concerne cette œuvre. On pourrait alors se demander si cette œuvre est fondée sur le désordre apparent du début avec cette difficulté de classement. Cependant le fait que l’œuvre soit destinée aux incroyants et aux libertins pour prouver l’existence de Dieu laisserait penser quePascal ait dû tout de même baser sa conviction sur des raisonnements ordonnés et des exemples précis. On voit donc apparaître ici une ambiguïté entre l’ordre et le désordre que l’on va se proposer d’étudier. Dans un premier temps, nous étudierons cette ambiguïté d’un point de vue structurel. Puis, nous l’analyserons au niveau de la rhétorique. Enfin, nous la placerons dans un cadre idéologique etphilosophique.
Tout d’abord, il est clair qu’on observe d’emblée la coexistence de l’ordre et du désordre dans la structure même du texte.
En effet, on peut tout d’abord noter que le fait que cet ouvrage soit une œuvre inachevée laisse paraître un certain désordre apparent. En outre, bien que plusieurs éditions ait été proposées, nous n’aurons jamais la version initiale, celle que Pascalavait pensé, il n‘y a donc pas d‘ordre officiel. En découle le fait qu’un certain désordre règne. Cependant, il est clair que ce désordre contient un certain ordre que Pascal avait sûrement conçu mais qu’il n’a pas eu le temps de mettre en œuvre. En effet, il avait commencé de concevoir un ordre structurel que l’on peut entrevoir avec les différentes liasses et sous-titres que les différentséditeurs ont essayé de classer à leur manière.
D’autre part, en ce qui concerne le classement des fragments, il est clair qu’un certain ordre était prédestiné à régner. Cela se voit dans le fait que certains fragments sont liés (et même s’ils ne sont pas dans la même liasse). C’est le cas des fragments 32, 120 et 541 qui traite tous les trois l’idée que l’homme est influencé par le jugement d’autrui.Malgré ces liens entre certains fragments, le fait que plus de la moitié des fragments ne soient pas classés laisse une fois de plus apparaître un certain désordre.
Enfin, au niveau de la longueur, il est clair que les fragments semblent totalement disproportionnés. En effet, certains n’étant composé que d’une phrase simple comme le fragment 17 «Il a quatre laquais» semblent dénués de sens alorsque d’autres tels que le fragment 126, très long, basé sur divers raisonnements prouvant que l’homme se divertit pour oublier sa condition est une vraie réflexion sur l’homme et le divertissement. On pourrait donc penser que cette disproportion n’en était en réalité pas une et que Pascal se servait des petits fragments comme d’amorce à une réflexion qui se consolide et se développe dans leslongs fragments.
D’après tout ceci, on voit bien que l’ambiguïté entre l’ordre et le désordre est bel et bien présente dès le début dans l’aspect formel de l’œuvre. Par ailleurs, de manière anecdotique, on pourrait noter que le fait que la première liasse de l’œuvre soit intitulée «Ordre» laisse penser qu’un certain ordre règne tout de même. C’Est-ce que nous allons voir maintenant en étudiant larhétorique pascalienne.
En effet, il est clair qu’au niveau de la rhétorique de Pascal, cette ambiguïté n’est pas du tout présente. En effet, Pascal met en place un discours très ordonné et basé sur des raisonnements logiques.
Tout d’abord, on peut noter qu’en restant classique et en accord avec le modèle du discours tel qu’il avait été conçu dans la Grèce Antique, Pascal met en place un…