Instabilite du continent africain
L’instabilité du continent africain a remis en cause la position privilégiée de la France dans de nombreux pays de cette zone du monde. Comment cette position a-t-elle été redéfinie depuis le début des années 90 ?
L’Afrique est en proie depuis prés de quinze ans, à une vingtaine de conflits rémanents. Jusqu’au milieu des années 1990, la France a gardé des liens forts avec ses colonies ; elleest intervenu dans certains conflits. Mais le traumatisme causé par l’opération Turquoise, en 1994, à accélère la redéfinition des rapports franco-africains. En effet, le choix du président Mitterrand de soutenir le régime du président Hutu Habyarimana a été largement critiqué. Cela a également été le cas concernant l’attitude des troupes françaises injustement qualifiées « d’attentistes » par lacommunauté internationale au moment des premiers massacres. Pourtant, loin de fuir ses responsabilités ou d’abandonner l’espace africain, la France a décide de réorienter sa politique d’intervention et d’entendre son champ d’action sur l’ensemble de continent.
Les rapports franco-africains se caractérisent depuis une dizaine d’année par des éléments de continuité, mais également de rupture. Laprésence de l’implication de la France sur le plans à la fois militaire, économique et culturel ont été récemment remises en question. Alors que la France est traditionnellement considérée comme le « gendarme » de l’Afrique, de nombreuses crises tendent à fragiliser et à remettre en causes la légitimité de son intervention. Néanmoins, l’Afrique reste au cœur de nos priorités. Notre pays continue des’investir en multipliant les partenariats avec les Etats démocratiques du continent, en jouant son rôle de force de maintien de la paix et en favorisant le développement économique et culturel de l’Afrique.
Dans un premier temps, nous dresserons un tableau de la présence française sur le continent africain. Nous analyserons ensuite les formes de déstabilisation qui remettent en question cetteprésence et qui sont autant de défis pour la France. Nous étudierons enfin les évolutions politiques et le redéploiement militaire de la France à l’échelle du continent ainsi que la réorientation de sa politique économique et culturelle.
Aucun Etat occidental n’est plus engage en Afrique que la France. En effet, depuis les années 1960, elle est le seul Etat non africain à maintenir un dispositifmilitaire permanent, à entretenir des relations économiques privilégiées avec ses anciennes colonies et à poursuivre une aide financière et culturelle importante.
Depuis une cinquantaine d’années, la France a passé avec un certain nombre de pays africains différents types d’accords militaires lui permettant de conserver un dispositif permanent sur le continent. Cette coopération qui s’organise àdifférents niveaux a permis à l’armée française d’intervenir rapidement dans plusieurs conflits.
D’une part la France maintient dans une quarantaine de pays africains des attachés de défense. D’autre part, des accords militaires techniques (AMT) ont été signé avec 23 pays et des accords bilatéraux de défense l’ont été avec 8 pays. Quatre de ces pays accueillent des troupes françaises (forces deprésence) basées en permanence.
La fin de la colonisation n’a pas mis un terme aux relations privilégiées entre l’Afrique et la France. Des relations économiques étroites existent entre l’état français et les pays africains francophones, mais ces relations passent également par le biais des grandes entreprises françaises qui ont récupère une partie des secteurs publics africains privatisés. Parexemple, l’entreprise française Bollore est le groupe leader dans le domaine agroalimentaire et du transport. Elle contrôle les plantations d’hevea et d’huile de palme du Liberia, les plantations de cacao et de café en Côte-D’ivoire. Bollore est le deuxième producteur de coton de l’Afrique de l’Ouest et possède toutes les plantations de tabac des états francophones. L’Afrique représente un tiers…