DISSERTATION.

C’est d’abord à l’époque de la Grèce antique que le theatron (???????, qui vient de ??????? : regarder, contempler) apparaît. Un théâtre est ainsi, à l’origine, un lieu où un public peut observer un spectacle. C’est seulement à la Renaissance que les pièces de théâtre sont publiées sous forme de livres. Ce n’est qu’une fois la période du théâtre classique terminée que le termedésigne aussi la littérature écrite spécialement pour la représentation théâtrale.
Toute personne aimant un tant soit peu le théâtre peut se demander si la lecture d’une pièce de théâtre apporte autant que la représentation de cette même pièce. Molière, avait son propre avis sur la question. « Tout le monde sait que les [pièces] ne sont faites que pour être jouées et je ne conseille de lirecelles-ci qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir tout le jeu du théâtre. » dit-il, dans sa préface de L’Amour Médecin. Ainsi, en plus de la grande question quant à ce que perd une pièce à être seulement lue, plusieurs questions méritent alors d’être élucidées. Comment la lecture d’une pièce permet-elle d’imaginer la représentation ? L’absence de mise en scène ne limite-t-elle pas lasignification et la richesse d’une pièce ? Par la représentation, la pièce ne perd-t-elle pas de son sens et de sa qualité littéraire ?

Si c’est à partir du vingtième siècle que l’art de la mise en scène s’est développé, la Commedia dell’arte a connu un succès fou jusqu’au dix-huitième siècle. Cela prouve que les spectateurs montrent un réel intérêt pour les représentations théâtrales sans texte, oùl’improvisation est reine. En effet, la Commedia dell’ arte est un genre de théâtre populaire Italien apparu au début du seizième siècle qui a pour principal but de proposer une pièce basée sur l’improvisation puisque seul l’enchaînement des actions était organisé. Et après ? Tout dépendait des acteurs. Libre à eux d’interpréter les personnages comme bon leur semblait, du moment qu’ils respectaient lebon déroulement chronologique. On s’aperçoit donc qu’ici, le théâtre est avant tout, fait pour être joué.
De plus, on peut trouver une certaine difficulté à la lecture de l’œuvre théâtrale. Il arrive fréquemment que dans une scène, on ait à faire à une véritable profusion de personnages. Il paraît évident que lorsque un lecteur lit cette scène, il ait du mal à les caractériser. Cependant, lorsquecette scène est représentée, le spectateur pourra distinguer les rapports de force de façon évidente. Il en est de même pour une scène très animée où la lecture rendra mal compte du rythme. Un exemple, dans Le Malade imaginaire de Molière, la rencontre entre Argan et Monsieur Diafoirus est précisée. « Ils parlent tous deux en même temps, s’interrompent et confondent » alors que le lecteur a pu delui-même, « entendre » les répliques successivement. Tandis que la représentation théâtrale permet de rendre compte du rythme, la simple lecture elle, empêche parfois l’enchaînement des actions dans un rythme rapide, effréné.
De plus, lorsque l’on assiste à une pièce de théâtre, on assiste en direct à l’action. Lorsque l’on lit la pièce, il nous est possible de nous interrompre pour vaquer àdiverses occupations. Ainsi, l’intensité avec laquelle nous sommes censés percevoir cette scène ne peut qu’être diminuée, puisqu’un certain laps de temps s’est écoulé entre le moment où nous avons arrêté la lecture, et le moment où on l’a reprise. Dans Roméo et Juliette de Shakespeare, il serait presque inconscient de poser son livre alors que Roméo s’apprête à tuer Tybalt, après que ce dernier ait tuéMercutio, le meilleur ami de Roméo. Il serait encore plus inconscient de reprendre la lecture après avoir envoyé un texto ou parlé avec une amie sur msn puisque comme dit précédemment, toute la magie et l’intensité de ce moment, s’est évaporée. Alors qu’au théâtre, en plus des costumes et du décor, on est en quelque sorte obligé d’observer ce qui se passe sur scène. Il parait donc évident,…