Bruxelle

Après le coup d’état de Napoléon III, les Galeries constituent le point de ralliement des proscrits parisiens. En 1867, Jean-Baptiste Clément « crée » au Vaudeville le Temps des cerises. Dans la Galerie des Princes, le réfugié Victor Hugo venait chaque jour rendre visite à sa maîtresse Juliette Drouet qui y louait une chambre. C’est là que se trouve aujourd’hui la majestueuse librairieTropismes.

En 1864, Baudelaire (1821-1867) qui loge rue de la Montagne 28 à l’Hôtel du Grand Miroir (détruit), arpente « tous les jours huit fois toute la longueur du passage en faisant 250 pas par tour ». Fuyant ses créanciers, le poète des Fleurs du Mal donne à Bruxelles des conférences qui tournent à sa confusion. Il ne réussit guère mieux à convaincre l’éditeur belge Paul Lacroix des Misérables dele publier. Seules la rancœur et la maladie seront au rendez-vous. Sa Belgique déshabillée (ou Pauvre Belgique) continue à le rendre sulfureux aux yeux des Bruxellois.

Hergé et Edgar-P. Jacobs se sont rencontrés après une soirée au Théâtre des Galeries. Dans l’Ilot sacré, où il a débuté, Jacques Brel appréciait particulièrement les spécialités de fruits de mer toujours au menu des restaurantsTaverne du Passage (Galerie de la Reine 30), Aux armes de Bruxelles et Chez Vincent.

A lire : Les derniers jours de Charles Baudelaire de Bernard Henri Lévy

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Cathédrale SS. Michel-et-Gudule

Le poète mystique Ruysbroeck (1293-1381) a fasciné Maeterlinck, qui a traduit L’Ornement des noces spirituelles,Yourcenar et Michaux. Le Flamand a été chapelain de Sainte-Gudule avant de fonder le prieuré de Groenendaal. Gaston Compère a défendu par la plume Bloemardinne, la rivale de Ruysbroeck. Le peintre Rogier Van der Weyden serait inhumé derrière l’autel de la Chapelle du Saint-Sacrement.

Dos Passos aimait cette cathédrale qui « porte le nom d’une cloche ». Le sanctuaire, et sa « Rose au cœurviolet, fleur de Sainte-Gudule », fournirait une des clés du célèbre sonnet Artémis de Nerval. Le poète voyait la cathédrale s’avancer « sur sa montagne escarpée, comme une femme agenouillée au bord de la mer et qui lève les bras vers Dieu ». C’est à Bruxelles, en 1840, qu’il ressent les premier signes de la folie.

Baudelaire admirait les vitraux de Van Orley : « Belles couleurs intenses, tellesque celles dont une âme profonde revêt tous les objets de la vie. » Auguste Rodin a confessé sur le tard : « Sainte-Gudule que je critiquais – telle est l’ignorance – m’a regardé avec la perfection de la Joconde ».

Dans son Siège de Bruxelles, Jacques Neirynck situe le centre névralgique d’une guerre civile belge au doyenné de la cathédrale, rue du Bois Sauvage 15 (vestiges médiévaux).——————————————————————————–

Eglise Notre-Dame de la Chapelle

Pierre Brueghel (ca. 1525-1569) y a été inhumé quatre ans après son mariage dans le sanctuaire des Marolles. Ce génie de la Renaissance aurait terminé son œuvre dans une maison « espagnole », 132 rue Haute (plaque commémorative). Pour éviter l’Inquisition à sa famille, il yaurait brûlé des dessins compromettants. Dans une chapelle, côté droit, un mémorial commandé par son fils Brueghel de Velours au grand Rubens lui rend hommage (« au peintre Pierre Brueghel très adroit dans son métier »). Côté gauche, l’émouvante Notre-Dame de la Solitude (en rénovation), offerte par l’épouse de Philippe II. Admirée de Rodin, Baudelaire et Julien Green. Ghelderode lui a consacré unconte dans Sortilèges (partiellement repris dans l’église). En face du sanctuaire, rue des Ursulines, l’ancien Collège Saint-Michel (devenu Sint-Jan Berchmans) où Charles De Coster, Norge et Henri Michaux ont étudié tour à tour.

A lire : L’Enragé ou Brueghel vu par Dominique Rolin.

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Eglise Notre-Dame…