Analogie de poemes

HUBBEN Victor
ANTHOLOGIE DE POEMES
( classés en fonction de leur courant littéraire )
SOMMAIRE
La pléiade :
Joachim DU BELLAY : Heureux qui comme Ulysse
Pierre de Ronsard : Mignonne, allons voire si la rose
Le baroque :
Saint-Amant : Plainte sur la mort de Sylvie Le classicisme :
François de Malherbe : Consolation à Monsieur Du Périer(gentilhomme d’Aix-en-Provence)
sur la mort de sa fille
Nicolas Boileau : Air
Le romantisme :
Alfred de Musset : A une fleur
Alphonse de Lamartine : Le lac
Le symbolisme :
Charles Baudelaire : L’ennemi
Stéphane Mallarmé : Brise marine
Le surréalisme :
Paul Eluard : le plus jeune
André Breton : L’aigrette
PLEIADE
Heureux qui,comme Ulysse, a fait un beau voyage
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, etbeaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur angevine.
Joachim DU BELLAY (1522-1560)
Mignonne, allons voir si la rose
A Cassandre

Mignonne,allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc,si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Pierre de Ronsard
BAROQUE
Plainte sur la mort de Sylvie
Ruisseau qui cours aprés toy-mesme,
Et qui te fuis toy mesme aussi,Arreste un peu ton onde icy,
Pour escouter mon dueil extresme;Puis quand tu l’auras sceu, va t’en dire à la Mer
Qu’elle n’a rien de plus amer.
Raconte-luy comme Sylvie,
Qui seule gouvernoit mon Sort,
A receu le coup de la mort
Au plus bel âge de la vie;
Et que cet accident triomphe en mesme jour
De toutes les forces d’Amour.
Las ! je n’en puis dire autre chose,
Mes souspirs trenchent mon discours:
Adieu Ruisseau, repren toncours,
Qui non plus que moy ne repose,
Que si par mes regrets j’ay bien pû t’arrester,
Voila des pleurs pour te haster.
St Amand
CLASSICISME
Consolation à Monsieur Du Périer
(gentilhomme d’Aix-en-Provence)
sur la mort de sa fille
Ta douleur, Du Périer, sera donc éternelle,
Et les tristes discours
Que te met en l’esprit l’amitié paternelle
L’augmenteront toujours !Le malheur de ta fille au tombeau descendue
Par un commun trépas,
Est-ce quelque dédale où ta raison perdue
Ne se retrouve pas ?
Je sais de quels appas son enfance était pleine,
Et n’ai pas entrepris,
Injurieux ami, de soulager ta peine
avecque son mépris.
Mais elle était du monde ,où les plus belles choses
Ont le pire destin,
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,L’espace d’un matin.
Puis quand ainsi serait ,que selon ta prière,
Elle aurait obtenu
D’avoir en cheveux blancs terminé sa carrière,
Qu’en fut-il advenu ?
Penses-tu que, plus vieille, en la maison céleste
Elle eut plus d’accueil ?
Ou qu’elle eut moins senti la poussière funeste
Et les vers du cercueil ?
Non ,non, mon Du Périer, aussitôt que la Parque
Ôte l’âme du corps,…