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Bernard Mandeville, est né le 15 novembre 1670 à Rotterdam il étudia la philosophie et la médecine à l’Université de Leyde, Bernard Mandeville devient docteur en médecine en 1691[1], et s’installe en 1693 en Angleterre pour le reste de sa vie il est mort le 21 janvier 1733 à Hackney
A son œuvre majeure, La Fable des abeilles, reste attaché le souvenir du plus retentissant scandale qui aitébranlé l’Europe des Lumières. De quoi s’agit-il ? En 1705, Mandeville fait paraître anonymement une fable « La ruche mécontente ou les coquins devenus honnêtes gens », dont la morale affirme paradoxalement que les vices privés font la richesse des nations et que la vertu condamne une grande cité à la pauvreté et à l’indigence. En 1714, il publie La Fable des abeilles, c’est-à-dire le poème de 1705 suivide vingt « Remarques » qui commentent le poème vers par vers. La page de titre en dit assez l’intention : « La Fable des abeilles ou Les vices privés font le bien public contenant plusieurs discours qui montrent que les défauts des hommes, dans l’humanité dépravée, peuvent être utilisés à l’avantage de la société civile, et qu’on peut leur faire tenir la place des vertus morales. » [2] Mais lescandale n’éclate qu’avec l’édition de 1723 qui ajoute à la précédente un « Essai sur la charité et les écoles de charité » dans lequel Mandeville dénonce les institutions charitables et une « Recherche sur la nature de la société ». Enfin, en 1729, Mandeville fait suivre la Fable d’une seconde partie composée de six dialogues entre son porte-parole (Cléomène) et un disciple de Shaftesbury (Horace), danslesquelles il précise et approfondit sa pensée.
Mandeville passe généralement pour un précurseur du libéralisme économique : en affirmant que les vices privés font le bien public, en montrant que l’égoïsme des individus, pour être moralement condamnable, n’en est pas moins économie souhaitable, il aurait jeté les bases de cette anthropologie de l’homme intéressé sur laquelle s’appuiera Adam Smithdans La Richesse des Nations. L’interprétation d’Hayek qu’il propose de Mandeville permet de mettre en question la notion même de « tradition libérale ». Si Mandeville est libéral, en quel sens l’est-il? S’il est un précurseur, est-ce du seul libéralisme économique ?
L’intention de MandevilleEn répétant sans cesse que les vices privés font le bien public, Mandeville fait-il œuvre lucide oucède-t-il au goût du paradoxe ? Est-il un moraliste exigeant ou un esprit cynique ? Fait-il l’apologie du vice par pur réalisme économique ou au contraire dénonce-t-il une société qui fait passer son opulence avant la vertu ? Quoi qu’il en soit de ses intentions dernières, l’idée qui se dégage avec le plus de netteté – dès la première édition de la Fable – c’est l’incompatibilité de la prospérité et de lavertu. Pour Mandeville en effet, la société moderne – c’est-à-dire la société anglaise du début du XVIIIe siècle – offre un contraste saisissant entre sa vitalité économique et son délabrement moral. Tout se passe comme si la prospérité de l’ensemble reposait justement sur les vices des individus.
“ | Les vices sont moralement condamnables mais économiquement utiles : pour être vicieuxmoralement, ils n’en sont pas moins économiquement souhaitables, et pour être économiquement souhaitables, ils n’en restent pas moins des vices. La conséquence la plus nette de ce raisonnement, c’est la séparation de l’économie et de la morale comme deux ordres absolument hétérogènes l’un à l’autre. | ” |
Là où l’Histoire offre l’exemple de sociétés vertueuses, de « ruches honnêtes », ils’agit de petites sociétés, peu développées, pauvres, aux mœurs austères et où on ne jouit guère des « commodités du monde ». A l’inverse, une « grande société », c’est-à-dire une société peuplée, riche, dans laquelle la division du travail et le volume des échanges ont augmenté en même temps, ne saurait, elle, être vertueuse. « Le dessein général de la Fable, c’est de montrer qu’il est impossible…