Au nom de quoi le plaisir serait-il condamnable?
1-Au nom de certains présupposés moraux hostiles à la vie a) qu’est-ce que le plaisir? Le plaisir est une sensation spécifique : contraire de la douleur, il est uneappréciation des modifications dont le corps peut être affecté : le plaisir désigne la façon dont le corps vivant éprouve cette modification : la sensation deplaisir est agréable. Ainsi caractérisé, le plaisir ne paraît pas devoir faire l’objet d’un jugement moral. Pourquoi dès lors serait-il condamnable ? Telle est laquestion à laquelle Nietzsche répond en dégageant le type de volonté à l’origine de tout jugement moral. b) Le plaisir : « par delà bien et mal » La distinction entre lebien et le mal opère une séparation au sein de l’être : comme si la valeur de la vie n’allait pas de soi, le philosophe, selon Nietzsche, éprouve le besoin del’apprécier en référence à des normes qui la dépasse. Or cette distinction entre le bien et le mal, entre ce qui est louable et ce qui est condamnable, est une mise en questionde la valeur de la vie irrecevable : au nom de quoi juger ce qui n’a aucun terme supérieur ?? Du coup, assigner une valeur au plaisir, émettre un jugement normatif,n’a pas de sens : « Des jugements, des appréciations de la vie, pour ou contre, ne peuvent en dernière instance jamais être vraies [?] la valeur de la vie ne peutpas être appréciée » (Crépuscule des idoles). Ainsi la condamnation du plaisir n’a, comme tout jugement de valeur, pas d’autre signification que d’être un symptôme.c) La condamnation du plaisir : une ruse de la faiblesse La condamnation du plaisir témoigne ainsi d’une certaine lassitude de vivre, d’une vitalité décadente.