Benjamin constant

CPGE VOIE ECONOMIQUE – 1ere année – CONTRACTION DE TEXTE

Résumez en quatre cents mots (400 mots), plus ou moins 5 %, le texte suivant, en vous attachant à mettre en valeur les idées essentielles et les articulations de la pensée de l’auteur.
Mentionnez le décompte par cinquante mots et, en fin de copie, portez le nombre de mots utilisés.
N.B. :

Cet exercice doit rester impersonnel surle fond comme dans sa forme, et respecter STRICTEMENT les limites imposées.
La copie doit être entièrement rédigée : la correction et la clarté de la langue entrent pour une part dans l’appréciation du correcteur.

**********

Février 1819

Messieurs,

Je me propose de Vous soumettre quelques distinctions, encore assez neuves, entre deux genres de liberté, dont les différencessont restées jusqu’à ce jour inaperçues, ou du moins, trop peu remarquées. L’une est la liberté dont l’exercice était si cher aux peuples anciens; l’autre celle dont la jouissance est particulièrement précieuse aux nations modernes. Cette recherche sera intéressante, si je ne me trompe, sous un double rapport.
Premièrement, la confusion de ces deux espèces de liberté a été parmi nous, durantdes époques trop célèbres de notre révolution, la cause de beaucoup de maux. La France s’est vue fatiguer d’essais inutiles, dont les auteurs, irrités par leur peu de succès, ont essayé de la contraindre à jouir du bien qu’elle ne voulait pas, et lui ont disputé le bien qu’elle voulait.
En second lieu, appelés par notre heureuse révolution (je l’appelle heureuse, malgré ses excès, parce queje fixe mes regards sur ses résultats) à jouir des bienfaits d’un gouvernement représentatif, il est curieux et utile de rechercher pourquoi ce gouvernement, le seul a l’abri duquel nous puissions aujourd’hui trouver quelque liberté et quelque repos, a été presque entièrement inconnu aux nations libres de l’antiquité.
Je sais que l’on a prétendu en démêler des traces chez quelques peuplesanciens, dans la république de Lacédémone, par exemple, et chez nos ancêtres les Gaulois; mais c’est à tort.
Le gouvernement de Lacédémone était une aristocratie monacale, et nullement un gouvernement représentatif. La puissance des rois était limitée; mais elle l’était par les éphores, et non par des hommes investis d’une mission semblable à celle que l’élection confère de nos jours auxdéfenseurs de nos libertés. Les éphores, sans doute, après avoir été institués par les rois, furent nommés par le peuple. Mais ils n’étaient que cinq. Leur autorité était religieuse autant que politique; ils avaient part à l’administration même du gouvernement, c’est-à-dire, au pouvoir exécutif; et par là, leur prérogative, comme celle de presque tous les magistrats populaires dans les anciennesrépubliques, loin d’être simplement une barrière contre la tyrannie, devenait quelquefois elle-même une tyrannie insupportable.
Le régime des Gaulois, qui ressemblait assez à celui qu’un certain parti voudrait nous rendre, était à la fois théocratique et guerrier. Les prêtres jouissaient d’un pouvoir sans bornes. La classe militaire, ou la noblesse, possédait des privilèges bien insolents et bienoppressifs. Le peuple était sans droits et sans garanties.
A Rome, les tribuns avaient, jusqu’à un certain point, une mission représentative. Ils étaient les organes de ces plébéiens que l’oligarchie, qui, dans tous les siècles, est la même, avait soumis, en renversant les rois, à un si dur esclavage. Le peuple exerçait toutefois directement une grande partie des droits politiques. Ils’assemblait pour voter les lois, pour juger les patriciens mis en accusation: il n’y avait donc que de faibles vestiges du système représentatif à Rome.
Ce système est une découverte des modernes, et vous verrez, Messieurs, que l’état de l’espèce humaine dans l’antiquité ne permettait pas à une institution de cette nature de s’y introduire ou de s’y établir. Les peuples anciens ne…