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Harley-Davidson : un virage modèle
Harley-Davidson, le constructeur de motos américain, a connu, au cours de son histoire, un parcours mouvementé. Entre 1969 et 1981, l’entreprise a appartenu à AMF, un conglomérat de l’industrie et des loisirs. Dès le départ, le nouveau propriétaire mise sur une augmentation substantielle de la production, bien que l’augmentation des ventes qui en résultes’accompagne d’une nette détérioration de la qualité.
Mais, dès 1973, la concurrence se fait plus vive. Les ventes de motos de toutes catégories diminuent et les Japonais font leur apparition sur le marché des grosses cylindrées jusqu’alors dominé par Harley-Davidson. Harley-Davidson reste viable financièrement, mais sa part du marché américain des grosses cylindrées dégringole, passant de 99 % en 1972à 30 % en 1981.
Las du carcan AMF, treize membres du management de Harley-Davidson rachètent la société au printemps 1981 pour quelque 80 millions de dollars. Les nouveaux propriétaires sont, pour la plupart, des fanatiques de moto et ils choisissent de célébrer l’évènement en organisant une gigantesque « chevauchée de la liberté » afin de proclamer leur volonté de « proposer des motos faitespar le peuple et pour le peuple »…
Le début des années 80 n’est pas une période facile pour la société, désormais indépendante. La situation économique mondiale se dégrade et le marché de la moto poursuit son déclin. Harley-Davidson réagit avec énergie en adaptant ses capacités de production à la demande et en réduisant ses coûts. A l’automne 1981, on passe de deux équipes à une seule dansl’usine de montage de York et 200 emplois de bureau sont également supprimés. Au printemps suivant, 1.600 employés sont licenciés sur les 3.800 restants. Pour 1982, l’entreprise annonce 15 millions de dollars de pertes d’exploitation pour un chiffre d’affaires de 210 millions. La production annuelle enregistre une chute de 25 % et n’est plus que de 30.000 unités. Certains journaux annoncent déjà lafaillite prochaine du plus ancien constructeur américain de motos.
En novembre 1982, Harley-Davidson demande à l’US International Trade Commission (ITC) des mesures de protection contre les pratiques déloyales de certains concurrents étrangers, en l’occurrence le « dumping » des fabricants japonais. Harley-Davidson affirme que cette protection lui donnera le répit nécessaire à l’amélioration del’efficacité de sa production et à la mise au point de produits plus compétitifs. L’ITC accède à cette requête et impose, pour une période de cinq ans, des droits de douane supplémentaires sur les motos japonaises de plus de 700 cc.
Amélioration de la production
Avant même que sa demande ne soit examinée par l’ITC, la nouvelle équipe dirigeante met en oeuvre des changements dans l’organisation de laproduction. Une des mesures les plus notables est l’introduction d’un système de gestion des stocks matières en flux tendu, grâce auquel les pièces sont livrées sur la chaîne de montage en juste-à-temps. Des modifications sont également apportées pour réduire le temps de réglage des machines.
De plus, Harley-Davidson commence à considérer ses fournisseurs comme des « partenaires de profit », ensignant des contrats à long terme avec ceux qui respectent ses exigences en matière de qualité et de délai de livraison. La chaîne de montage est réorganisée en « cellules de travail » et un nouveau système de rémunération mis en place pour motiver le personnel.
Les effets conjugués de ces changements se font nettement sentir. Dans son rapport annuel de 1987, la société annonce fièrement, pour lapériode 1981-1987, une progression de 50 % de sa productivité, une réduction de 68 % du taux de rebut et une amélioration sensible de la qualité.
La nouvelle équipe a d’ailleurs rapidement pris des mesures pour renforcer les capacités en R&D, en faisant passer les dépenses dans ce domaine à 5 % du chiffre d’affaires. Cette politique fait la preuve de son efficacité lors de la présentation,…