Tremblay
4. PORTRAIT DU PERSONNAGE
Daniel Tremblay est un plasticien français, né le 7 mars 1950 et mort le 8 avril 1985 au volant de sa voiture.
Une de ses grandes amies Farideh Cadot, galeriste qui l’a exposé à plusieurs reprises, le décrit comme quelqu’un d’extrêmement discret, timide même. Il était beau. Quand on entrait dans son intimité, on découvrait un vrai poète, un homme très généreux,très détaché des problèmes matériels de la vie. Il était un grand romantique, toujours préoccupé par le sentiment et la poésie.
Au travers de ses œuvres, il est comme un magicien. Il nous permet de poser un regard neuf sur les objets usuels et usés d’avoir été trop regardés. Ainsi, lorsqu’il s’installe dans un espace lugubre et qu’il utilise des objets bizarres, qui ne sont pas beau à voir, iloblige le spectateur à regarder le lieu et les objets autrement.
Il met en scène des matériaux très simples, quotidiens, usuels. Il détourne des matériaux banals (ardoises, caoutchouc, moquette) et des objets du quotidien (brosses, perles, chaussures, paillassons). Il donne à ces matériaux une autre vie, et c’est cette autre vie qui fait la poésie de Daniel Tremblay.
Il utilise la dérisiontout en traitant ses sujets avec humour, en y ajoutant de la poésie. Cela ressemble fort à des jeux en ombres chinoises.
Il est aussi provocateur « Le pisseur en l’air » et bizarre « Les Chanteurs de Blues ». Dans cette dernière œuvre, l’on y découvre des corbeaux, la tête tranchée. Comme il l’explique lors d’une interview donnée à … « Au départ, je voulais faire chanter les corbeaux et, en leurcoupant la tête, je me suis rendu compte qu’ils ressemblaient aussi à des poissons et j’aimais bien l’idée de faire des poissons avec des oiseaux. » Mais quelle drôle d’idée que de mettre ces corps de corbeaux sur des bottes !
Il est mystérieux aussi. En effet, dans toutes ses œuvres, un personnage par le biais d’un portrait apparaît. Qui représente t’il ? Est ce un homme, une femme, unenfant, connu ou anonyme, une célébrité ou un personnage puissant ? Nul ne le sait !
Il a eu une carrière très courte, mais en 5 ans, il va connaitre un succès incroyable. C’est quelqu’un qui, très tôt, a trouvé son public, qui a trouvé des institutions qui s’intéressaient à son travail, qui a trouvé des collectionneurs qui achetaient son travail : c’est rare ! C’est rare qu’en 5 ans, un artistefasse une aussi belle carrière … commerciale !
Daniel est mort il y a plus de 20 ans et pourtant, son travail nous émeut toujours, et nous intrigue toujours autant !
Le mur puis l’espace pour ses installations sont au centre de ses préoccupations plastiques. Il se définit comme un sculpteur de bas-relief. Il y fixe des personnages esquissés à l’aide de contours, de visages dessinés dans unecarpette, de poussières d’étoiles et nous projettent dans un monde rempli de poésie avec ses œuvres subtiles et empreintes de tendre dérision (ironie, moqueries). Denses, inventives, intenses, tendres, ironiques mais aussi brillantes et joyeuses, mélancoliques parfois, hybrides, ses œuvres illustrent de petites histoires intimes.
« Je pense, disait-il, que l’utilisation de l’objet à quelquechose de dérisoire, et la dérision dans mon travail a été une préoccupation majeure ».
A 25 ans, après avoir étudié à l’école des Beaux-Arts d’Angers, il s’envole vers l’Angleterre et poursuit ses études à Londres au Royal Collège of Art. Il revient en France imprégné de la culture anglo-saxonne et influence grandement l’art contemporain de l’époque en proposant un nouveau champ d’ouverture àla création caractérisé par une grande liberté, un grand professionnalisme, mais surtout un grand souci de fonder leur travail sur l’expérience, expérience de l’espace, expérience de la nature, expérience des matériaux, expérience des objets, expérience des gestes, expérience des lieux, expérience de la poésie, expérience du détournement. Daniel Tremblay s’approprie des matériaux banals, mineurs,…