Censure

qu’est-il arrivé a sadam hussein?

Le président irakien Saddam Hussein a été pendu le 28 décembre 2006, le jour de la fête d’Al Adha. Comme si ses bourreaux, dans un ultime pied de nez, voulaient que ce jour de fête, célébré par des millions de musulmans et d’arabes à travers le monde, soit un jour de tristesse et de chagrin. A part les images livrées par le gouvernement irakien issu del’occupation, on ne sait pas grand-chose de cette mise en scène. Des images où on voyait le leader irakien, l’allure fière, marcher vers l’échafaud sans hésiter, sous les insultes et les quolibets de ses ravisseurs, répétant la Chahada jusqu’au dernier souffle.

Avec le livre de Khalil Al-Doulaîmi (Saddam, les secrets d’une mise à mort livrés par son avocat, ed. Sand), ce vide est à présent comblé. Cetavocat, président du comité de défense du président irakien, qui s’est entretenu pendant de longues heures avec Saddam dans sa prison, nous livre un témoignage poignant sur les deux guerres du golfe, les grandes étapes de l’occupation de l’Irak, la parodie de procès qui a condamné à mort son illustre client, le combat héroïque que mène la résistance et le rôle néfaste joué par l’Iran et Israël dansla situation actuelle de l’Irak et donne des détails troublants sur sa mise à mort.

Un livre à lire absolument pour avoir une idée réelle de ce qu’était Saddam et voir combien le fossé est grand entre ce que nous chantent les médias occidentaux et la situation sur le terrain où depuis l’invasion du pays en 2003, la résistance ne cesse de marquer des points.

Extraits

‘’Les dernièresvolontés

Dans la nuit du vendredi qui précéda l’exécution, plusieurs officiers américains, dont le Commandant du camp, se mirent au garde-à-vous pour faire leurs adieux au président. Saddam, quant à lui, exigea de voir une dernière fois ses deux frères, Barazan et Sabaoui. Puis, comme à son habitude, il termina la prière du soir et passa la nuit sur son lit, à lire le Coran. Les heures passèrent.Les gardiens américains, persuadés qu’il pourrait se pendre, avaient renforcé leur surveillance… A quatre heures du matin, le commandant du camp se présenta dans la chambre du président et l’informa qu’il allait le livrer aux irakiens. Il lui demanda quelle était sa dernière volonté. Le président fit ses ablutions, s’empara du Coran et en lut quelques versets pendant le peu de temps qu’il luirestait. Ensuite, il demanda que ses affaires personnelles soient remises à ses avocats puis à sa fille bien-aimée Raghad. Il leur demanda également d’informer celle-ci qu’il était sur la route du paradis, à la rencontre de son Dieu, la conscience tranquille et les mains propres, qu’il donnait sa vie en soldat, sacrifiant sa famille pour l’Irak et pour son peuple.

Il mit une chemise blanche, soncostume gris, son pardessus noir et enroula sur sa tête la traditionnelle écharpe irakienne. Puis, il enfila le gilet pare-balles qu’il portait quand on l’emmenait au tribunal.

Il monta, avec les membres américains de sa garde, dans l’une des voitures blindées qui lui étaient réservées et qui portaient l’insigne de la Croix-Rouge internationale. Ensuite, selon les sources américaines, il voyageadans l’un des hélicoptères Black Hawk et demanda qu’on ne lui bandât pas les yeux. Il regarda Bagdad. Peut-être Bagdad a-t-il jeté sur son fils, qui se préparait à partir, un dernier regard d’amour ? Il traversa le ciel de Bagdad comme si c’était son dernier regard d’adieu. Comme si cette cité qu’il avait bâtie, honorée, et à qui il avait sacrifié sa vie, était, elle aussi, en partance. Elledisparut dans le lointain. Quelques minutes plus tard, l’avion se posait dans un camp du renseignement militaire américain, dans le quartier à majorité Chiite d’Al Kadhimya, sur la rive occidentale du Tigre. La région avait été divisée en trois secteurs : le camp américain, un secteur es forces de sécurité, et une zone de haute sécurité rattachée au ministère de la Défense du gouvernement irakien…