Commentaire incipit de l’assommoir
Commentaire de texte : Incipit de L’assommoir
L’assommoir est le septième roman de la saga des Rougon Macquart est d’abord paru en feuilleton dans le Bien public puis la République des Lettres, puis est publié en volumes en 1877 . Zola dans ce roman a voulu, comme il est dit dans la préface, « peindre la déchéance fatale d’une famille ouvrière dans le milieu empesté de nos faubourgs ». Cetincipit du « roman du peuple » est une ouverture in media res : on entre directement dans l’histoire avec Gervaise, le personnage principal, faisant face à des difficultés. En effet, elle est en train d’attendre son amant Lantier qui découche, dans sa lugubre chambre en compagnie de ses deux enfants qui dorment. Dans un premier temps, Zola nous offre ici une description très réaliste, dont ilinstaure le cadre de l’action à travers Gervaise. Ensuite, il nous donne une description symbolique en faisant le portrait de Gervaise.
Dans cette première partie, Zola évoque les limites du quartier en faisant une description réaliste.
En effet, ce passage délimite de façon très précise le cadre spatio-temporel de l’action. On pourrait avec cette description dessiner un schéma du quartier où habiteGervaise, en commençant par son hôtel « sur le boulevard de la Chapelle, à gauche de la barrière Poissonnière ». Dès ce moment, Zola donne plusieurs indications : « à droite, du côté du boulevard de Rochechouart », puis « à gauche […] presque en face […] l’hôpital de Lariboisière ». On a aussi le mur de l’octroi qui s’étend « d’un bout à l’autre de l’horizon ». Les lieux sont réels, nous sommesdans le 18ème arrondissement de Paris qui est, avec la Chapelle, le Veau-à-deux-têtes, le Grand-Balcon, et le Mont-de-pitié, situé à l’entrée de la capitale. Le faubourg est à la limite de la ville avec le mur et la barrière de l’octroi. On assiste à la description d’un univers plutôt fermé : « la masse blanche de l’hôpital de Lariboisière » restreint la vue en face de l’hôtel. On a aussi l’idée decette limite avec la barrière mais aussi avec la « muraille grise interminable » et la « bande de désert ». Cet environnement non seulement fermé, est aussi miséreux. Zola utilise des mots péjoratifs pour décrire l’hôtel Boncoeur auquel il consacre une longue description : l’hôtel est en ruine avec ses « persiennes pourries », ses « vitres étoilées », et la « moisissure du plâtre ». Le bâtimentest décrépi, en décomposition. Aussi, les coins sont « sombres, noirs d’humidité ». Le quartier est répugnant, provoque le dégout du lecteur : on a l’odeur « fauve de bêtes massacrées » et l’ « ordure » dans les coins des rues. Zola utilise beaucoup ce terme d’ « ordure », au sens propre comme au sens figuré. Dans la préface il écrit « au bout de l’ivrognerie et de la fainéantise, il y a […] lesordures de la promiscuité » Pour lui, la saleté morale entraîne la saleté physique, ainsi que l’inverse. De la même manière, les couleurs dépeintes sont dans ce passage sont significatives. L’hôtel est couleur « lie de vin ». Ici, Zola fait référence au thème de l’alcoolisme, récurrent dans tout le roman. Cette couleur reviendra plus tard avec la boutique de Gervaise. Cette teinte est un symbole desa déchéance. Les lettres peintes en jaunes sur le mur de l’hôtel font penser à la décrépitude du quartier. De plus, on retrouve aussi les couleurs gris et blanc, qui avec le rouge des « tabliers sanglants » des bouchers, forment les couleurs de la mort. Certes, nous avons aussi la « grande lueur », la « poussière de soleil » qui apparaissent à la fin de l’extrait, mais le lecteur garde en têtel’horreur de la précédente vue du quartier.
Après cette description qui impose le cadre spatial, on peut aussi noter le cadre temporel. L’hôpital de Lariboisière date de 1850 : Napoléon vient d’être élu à la présidence de la République. Le contexte se place donc quelques années avant la période des autres Rougon Macquart, le Second Empire. Afin de donner un tel réalisme à sa description, Zola…