Conscience
1) L’absence du concept de conscience chez les Grecs : Les Grecs n’avaient pas de terme pour désigner la conscience bien que peu à peu (notamment avec les stoïciens), l’idée d’un souci de soi, d’une attention portée à l’intériorité ait pris de plus en plus d’importance.
2) La conscience comme conscience morale : La conscience fut tout d’abord entendue comme norme du bien et du mal, commeinstance de jugement. Elle est voix intérieure. Cette première conception est restée prégnante dans toute l’histoire de la philosophie. La conscience morale peut relever du sentiment (Rousseau) mais aussi de la raison (Kant).
3) La conscience est une invention récente : L’idée de la conscience comme rapport de la pensée à elle-même et comme fonction de connaissance des activités mentales, de la viepsychique, est née avec la philosophie classique (Descartes et Locke notamment)
4) La conscience comme fondement de la philosophie : À partir de Kant, les réflexions sur la conscience dominent la scène philosophique. Les diverses conceptions de la conscience s’opposent, mais le primat de celle-ci demeure incontestable.
5) Les critiques de la conscience : La conscience morale a pu êtrecontestée comme n’étant rien d’autre qu’ensemble de préjugés, d’opinions, d’interprétations ou encore comme intériorisation de l’autorité. Le concept de conscience né avec la philosophie classique a quant à lui été ébranlé par des philosophies mettant en cause l’unité et l’autonomie de la conscience, dénonçant son impuissance ou contestant même son existence.
les critiques de la passion
« Lemode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale, politique et intellectuelle. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. » Marx, Contribution à la critique de l’économie politique.
On débutera ici par les critiques qui ont été adressées à laconscience morale. Pour Montaigne, celle-ci ne consiste en rien d’autre qu’en des règles quasi arbitraires, relevant d’opinions ou de préjugés et inculqués dès la plus tendre enfance à l’enfant qui, devenu adulte, ne se souvient plus comment il a acquis ces conceptions et suppose donc qu’il les a toujours possédées et qu’elles font partie de sa nature. Locke oppose un argument similaire auxnéo-platoniciens de Cambridge qui pensent que les principes et les sentiments moraux sont innés. Plus proche de nous, Bergson conçoit la conscience morale comme l’effet d’un conditionnement social. On peut ensuite citer quelques pensées qui vacillent entre l’amoralisme (indifférence aux questions morales) et l’immoralisme (opposition aux valeurs morales).
Ainsi Machiavel prétend qu’un traitementadéquat des questions politiques exige qu’on se soustraie à toute considération d’ordre moral. Sade quant à lui démontre que ce que la nature nous enseigne, ce sont les vices, les débordements de la sexualité et de la violence. Nietzsche, enfin, entend constituer une généalogie de la morale en montrant que nos conceptions du bien et du mal sont les interprétations et évaluations d’un homme-esclave quicraint la puissance de la vie. On peut enfin relever une troisième voie de la critique de la conscience morale : Freud montre que celle-ci n’est rien d’autre que l’intériorisation (introjection) par l’homme de l’autorité. C’est le surmoi qui exerce une fonction de censure en retournant l’agressivité de l’individu contre lui-même.
Relevons à présent les critiques de la consciencecomme rapport de connaissance qu’entretient la vie psychique avec elle-même. Cette critique apparaît dès la naissance de la conscience avec Spinoza. Pour celui-ci, nous subissons nécessairement l’action des choses extérieures, ce qui provoque en nous des affects. Or la conscience n’est qu’un redoublement de ceux-ci ; elle ne permet en aucun cas de les comprendre ou d’influer sur eux car elle ne…