Correspondances
Correspondances
Prologue
Il n’y a pas si longtemps, j’ai fait un rêve.
Au commencement le vide.
Puis un point noir.
Une sphère tronquée.
Un disque plat.
Une roue.
C’est la roue du temps. Elle tourne inlassablement autour de son axe central, balayant les obstacles futiles que sont nos vies, ne faiblissant jamais dans son effort inhumain. Quant à nous, pauvres habitants de nos cœurs,nous parcourons cette Terre par les quatre vents, foulons le sol de nos corps décharnés et pourtant si innocents.
Tandis que les volcans crachent leur sang putride, l’aube et le crépuscule se relaient sans relaient sans relâche, faisant tourner la lourde roue du temps, vieille toupie débridée mais éternellement sous contrôle. Les fils pendent, le Marionnettiste n’est pas loin : nous avons tous lacorde au cou.
Je ne suis qu’un voleur.
Je ne suis que l’un d’entre eux.
Le cœur léger, les jambes fortes portant le poids du spleen, cloué sur la croix du désir, je reste attaché et ne peux toucher les nuages. Le bout de mes doigts reste froid, désespérément bleus, insensibles.
Mais les nuages ont porté le soir jusqu’à moi, et je l’ai enfin vue. Ses yeux crépuscules se sont illuminésde noirceur.
Je ne saurais alors dire métaphysiquement ce qu’il s’est passé en moi.
Ses yeux crépuscule ont fait s’écrouler le ciel dans ma tête. L’aube s’en est définitivement allé, la nuit est tombée. Un lac glacé, superbe de froideur, et des arbres jusqu’aux dieux, des arbres morts, des arbres sans sèves, saignés à blanc, ont clairsemés mon âme de braises encore chaudes et fumantes. Et lesfeuilles ont tourbillonné autour de moi J’ai senti mon cœur fondre quand la brise légère de son parfum a embrassé les mille liens qui me retenaient.
Quand le soleil est revenu, même l’astre autrefois puissant n’était plus que poussière, et une chaleur éphémère mit alors à nu mon corps torturé.
Ses yeux crépuscule ont vu dans ce nouveau monde un endroit idéal pour se reposer quelques temps,une main tendue pour se rattraper une énième fois. Ils se sont arrêté. C’était un paysage fabuleux, le lieux idéal.
C’était un monde parfait, mais contraire. Idéal, mais trop différent du chemin. Celui de la vie est long, même pour ceux qui ont pris les petits sentiers, les détours ou les raccourcis. Ses yeux ont donc fait une halte, destructrice, sanglante. Puis ils s’en sont allé, pour allerse poser sur une autre nature, peut être moins innocente.
Je n’étais suis qu’un vieil acrobate, un vagabond, qui voulait danser sur les volcans. Mais déjà valsaient les étoiles ivres de folie, et l’horizon fait tomber les jours à l’Ouest : la roue du Temps jouait avec les vents, pour remonter au crépuscule.
Mademoiselle était là.
Mais, dans un sursaut de cruelle injustice, la roue se souvintde son écrasant rôle, et tourna dans le sens des aiguilles sa montre de gousset, autre pantin du Marionnettiste.
Mademoiselle s’en alla.
J’ai arraché mon cœur, mon cerveau brûle, les arbres morts sont assassinés pour la seconde fois. Mes yeux s’arrachent, les animaux de la nuit avalent mes souvenirs par milliers. Mais il reste encore, près du lac, le reflet de ses yeux et l’espoir de leurredonner l’éclat sans pareil des aurores.
Désormais il n’y a plus rien à l’intérieur.
Je me perds moi-même.
Je tombe.
Cruelle et injuste sera ma mort, belle et noire sera son souvenir.
Rouvre tes yeux
Referme les miens
Je suis un mort qui envie la vie
Au féminin.
Chapitre 1
Bonjour,
Vous ne me connaissez pas. Peut être même que vous ne voyez pas qui je suis. Je n’ai pas encorele plaisir de vous avoir parlé de vive voix, mais je ne désespère pas de vous parler très vite de vive voix. Je m’appelle O. Je vous croise souvent dans les couloirs. Et puis j’ai lu vos textes sur internet. Mais ce n’est pas vraiment ce dont je voudrais vous parler. En fait, je voudrais que vous me conseillez.
Pour avoir lu tous vos articles attentivement, j’ai pu voir que pour vous l’amour…