Dans quelles mesures peut on parler de recréation du texte par le metteur en scène ?

Teyssedou
Jean-baptiste

Français
Théâtre: Textes et représentations
Dissertation

Sujet: En vous appuyant sur le corpus le pouvoir du metteur en scène, sur le texte d’Anne Ubersfeld et sur les proposition de mise en scènes 2tudiées en classe, vous direz dans quelles mesures peut on parler de recréation du texte par le metteur en scène.

Le théâtre, de par son étymologie (en grec :regarder), est un art du spectacle. Son texte doit donc être interprété pour l’adapter à la scène, ceci est le travail du metteur en scène.
Pour Anne Ubersfeld, professeur à l’Universite Paris III Sorbonne, ayant publié différents ouvrages sur le théâtre dans des perspectives diverses, «la part de création et de recréation du metteur en scène est très considérable. Il est lui même producteur d’unnouveau texte didascalique, complément et précision, voire contradiction du texte littéraire»
Le metteur en scène est il libre d’interpréter le texte d’un auteur selon ses désirs ?
Nous verrons dans un premier temps quelle est l’influence du metteur en scène sur le sens du texte théâtral puis dans un deuxième temps les contraintes auxquelles il est soumis. Enfin nous étudierons les limites derecréation d’une oeuvre théatrale.

Comme l’écrit Anne Ubersfeld, la caractéristique la plus importante du texte théâtral est « son caractère incomplet », avant d’être représenté,il n’est pas abouti, achevé. Louis Jouvet, metteur en scène du début du XIXe partage lui aussi cet avis « un texte encore imprécis dans son émission ou dans sa compréhension ». Même si les pièces sans didascalies resterare dans le début du Misanthrope de Molière aucune indication scénique n’est fournie : lieu, posture et origines des personnages et rapports qu’ils entretiennent entres eux. Ceci laisse donc libre champs au metteur en scène et l’oblige à prendre parti.
Le texte de théâtre n’est qu’un élément parmi d’autres qui composent le spectacle théâtral, on pense notamment aux costumes, aux jeux des acteurs,aux décors. Le choix que fait le metteur en scène de tous ces éléments peut donc influencer fortement le sens du texte et donner lieu à des interprétations très différentes de la part du spectateur. Gaston Baty, metteur en scène, montre bien dans une pièce classique de Molière le malade imaginaire qu’avec un même texte et des indications scéniques contradictoires, la scène peut appartenir à desregistres totalement opposés. Il écrit « comédie, farce, drame, les 3 scènes peuvent être jouées avec le même texte sans changer une virgule ».
Le métier de metteur en scène en tant que tel est récent, il date du début du XIXème. Or le répertoire dramatique français est ancien et les auteurs comme Molière montaient le plus souvent eux mêmes leurs pièces. Aujourd’hui les metteurs en scène doiventdonc tenir compte des nécessités temporelles du théâtre, en adaptant ces oeuvres passées aux goûts de la société contemporaine, avec la volonté de rapprocher le spectacle du public. Ils en modifient donc inévitablement le sens, s’autorisant ainsi une part de recréation.
C’est le cas dans la production des «Noces de Figaro» par le Staatoper de Berlin en 1999, Le Comte est vêtu d’un costume decuir noir,image du libertinage, de la sensualité libertine; la comtesse porte un manteau de fourrure et lit des magazines de mode féminins. Le mobilier pourrait être directement sorti d’un luxueux hotel d’aujourd’hui.
Mais certains textes, par la richesse et l’importance de leurs didascalies, n’autorisent pratiquement aucune liberté d’imagination au metteur en scène. C’est notamment le cas dans lestextes de Ionesco. Dans la dernière réplique de Rhinocéros interprétée par Berengère pratiquement un tiers du texte est occupé par les didascalies, au nombre de huit dans la même réplique. De plus certaines sont relativement longues et très précises « Lorsqu’il accroche les tableaux, on s’aperçoit que ceux-ci représentent un vieillard, une grosse femme, un autre homme. La laideur de ces…