Dissert

Les discriminations liées au handicap et à la santé
Gérard Bouvier et Xavier Niel, division Enquêtes et études démographiques, Insee
Résumé
Parmi les jeunes de 10 à 24 ans, 5 % déclarent être touchés par des déficiences et des limitations d’ordre moteur, sensoriel ou cognitif, pouvant les mettre en situation de handicap. 41 % d’entre eux déclarent avoir subi au cours de leur vie unediscrimination à cause de leur état de santé ou d’un handicap. C’est huit fois plus que chez les jeunes sans handicap.
Les jeunes atteints d’une déficience d’ordre cognitif se plaignent plutôt de mises à l’écart. Les handicapés moteurs dont la scolarité a été perturbée ou interrompue pour des raisons de santé évoquent plus fréquemment des refus de droits. À l’école, les jeunes ayant une déficienceauditive ou visuelle déclarent plus souvent subir des injustices ou des refus de droit que les jeunes handicapés moteurs ; ces derniers sont plus fréquemment sujets à des moqueries ou des insultes.
Les adultes de 25 à 54 ans sont deux fois plus touchés par le handicap que les jeunes. Mais le handicap ou l’état de santé ne provoquent des discriminations que chez un quart d’entre eux.
Les chômeursatteints d’une déficience sensorielle ou cognitive mentionnent fréquemment des injustices et refus de droits. Dans le cadre du travail, ce sont plutôt les handicapés moteurs qui déclarent avoir subi de telles discriminations.
Moqueries, mises à l’écart, traitements injustes et refus de droits
Trois millions de personnes déclarent avoir fait l’objet de discriminations au cours de leur vie à cause deleur état de santé ou d’un handicap. Cela représente 5 % des personnes de tous âges vivant en ménage ordinaire (graphique). Ces discriminations recouvrent des moqueries, des mises à l’écart, des traitements injustes ou des refus de droit pour raison de santé ou de handicap. Les discriminations les plus souvent déclarées sont des moqueries ou des insultes.
Les non-handicapés déclarent desdiscriminations relevant de problèmes de santé spécifiques et non d’un mauvais état de santé global, par exemple des moqueries liées à l’apparence chez ceux qui ont de gros problèmes de vue non handicapants (strabisme corrigé), des mises à l’écart pour les enfants allergiques… Tout comme pour la population totale, les jeunes handicapés citent le plus souvent les moqueries et insultes, mais les mises àl’écart sont également fréquentes et 10 % des 20-24 ans déclarent des refus de droits.
Graphique – La proportion de personnes déclarant avoir subi au cours de leur vie des discriminations pour des raisons liées au handicap ou à la santé diminue à partir de 55 ans

Note : déclaration de la personne interrogée, d’un parent si elle est mineure de moins de 16 ans.
Lecture : entre 10 et 14 ans, 7,2% des personnes déclarent avoir subi des discriminations au cours de leur vie, pour des raisons liées au handicap ou à la santé.
Champ : France, personnes vivant en ménage ordinaire.
Source : Insee, enquête Handicap santé 2008 – volet ménages.
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Mises à l’écart des jeunes atteints de déficiences cognitives
Avant 25 ans, les problèmes de handicap sont rares etessentiellement d’ordre cognitif : les troubles du comportement, les difficultés d’apprentissage, de concentration, de compréhension touchent 4 % des jeunes de 10 à 24 ans, les handicaps moteurs ou sensoriels seulement 1 % chacun (tableau 1).
Les jeunes souffrant de déficiences cognitives ressentent plus particulièrement les discriminations liées à des problèmes de santé ou de handicap : 45 % d’entre euxdéclarent en avoir subi, contre 33 % des jeunes souffrant de déficiences sensorielles, telles que de graves problèmes de vue ou d’audition (tableau 1). Ils mentionnent avant tout des moqueries ou des insultes, mais c’est aussi le cas de tous les jeunes ayant eu à se plaindre de discrimination, qu’ils soient atteints d’un handicap ou non.
Les mises à l’écart frappent plus particulièrement les…