Dissertations
SUJET: Peut-on être heureux sans vertu ?Thème : Bonheur
Extrait de la réponse : Si le bonheur est une affaire entièrement individuelle, on peut penser qu’il n’a peut-être pas grand rapport avec la vertu. En effet, rechercher le bonheur peut consister à rechercher ses propres intérêts, la satisfaction de ses propres désirs indépendamment des autres et de préoccupations morales. Bien au contraire,l’existence de s …
Définition:
VERTU:
Platon disait que la vertu est la science du bien ; le vice en est l’ignorance. Il précisera dans La République : « La philosophie a pour but d’opérer la conversion de l’âme, c’est là son rôle principal » (livre VII). Les Grecs n’ignoraient pas que pour changer le monde, il convient au préalable de se changer soi-même, or se changer soi-même relevaitpréalablement pour Platon du domaine de la pratique de la vertu comprise comme science appliquée du bien.
La vertu de l’homme rationnel
Vertu dans un dico de philo:
Section I.
On dit de Marcus Brutus qu’avant de se tuer il prononça ces paroles: « O vertu! j’ai cru que tu étais quelque chose; mais tu n’es qu’un vain fantôme! »
Tu avais raison, Brutus, si tu mettais la vertu à être chef de parti etl’assassin de ton bienfaiteur, de ton père Jules César; mais si tu avais fait consister la vertu à ne faire que du bien à ceux qui dépendaient de toi, tu ne l’aurais pas appelée fantôme, et tu ne te serais pas tué de désespoir.
Je suis très vertueux, dit cet excrément de théologie, car j’ai les quatre vertus cardinales, et les trois théologales. Un honnête homme lui demande: « Qu’est-ce quevertu cardinale? » l’autre répond: « C’est force, prudence, tempérance, et justice. »
L’Honnête Homme. — Si tu es juste, tu as tout dit; ta force, ta prudence, ta tempérance, sont des qualités utiles. Si tu les as, tant mieux pour toi: mais si tu es juste, tant mieux pour les autres. Ce n’est pas encore assez d’être juste, il faut être bienfaisant; voilà ce qui est véritablement cardinal. Et testhéologales, qui sont-elles?
L’Excrément. — Foi, espérance, charité.
L’Honnête Homme. — Est-ce vertu de croire? Ou ce que tu crois te semble vrai, et en ce cas il n’y a nul mérite à le croire ou il te semble faux, et alors il est impossible que tu le croies. L’espérance ne saurait être plus vertu que la crainte: on craint et on espère selon qu’on nous promet ou qu’on nous menace. Pour la charitén’est-ce pas ce que les Grecs et les Romains entendaient par humanité, amour du prochain? cet amour n’est rien s’il n’est agissant; la bienfaisance est donc la seule vraie vertu.
L’Excrément. — Quel sot! vraiment oui, j’irai me donner bien du tourment pour servir les hommes, et il ne m’en reviendrait rien! chaque peine mérite salaire. Je ne prétends pas faire la moindre action honnête, à moins que jene sois sûr du paradis.
?
L’Honnête Homme. — Ah, maître! c’est-à-dire que si vous n’espériez pas le paradis, et si vous ne redoutiez pas l’enfer, vous ne feriez aucune bonne oeuvre. Vous me citez des vers de Juvénal, pour me prouver que vous n’avez que votre intérêt en vue. En voici de Racine, qui pourront vous faire voir au moins qu’on peut trouver dès ce monde sa récompense en attendantmieux.
?
Croyez-moi, maître, il y a deux choses qui méritent d’être aimées pour elles-mêmes, Dieu et la vertu.
L’Excrément.. — Ah, monsieur! vous êtes féneloniste.
L’Honnête Homme. — Oui, maître.
L’Excrément. — J’irai vous dénoncer à l’official de Meaux.
L’Honnête Homme. — Va, dénonce.
Section II.
Qu’est-ce que vertu? Bienfaisance envers le prochain. Puis-je appeler vertu autre chose que cequi me fait du bien? Je suis indigent, tu es libéral; je suis en danger, tu me secours; on me trompe, tu me dis la vérité; on me néglige, tu me consoles; je suis ignorant, tu m’instruis: je t’appellerai sans difficulté vertueux. Mais que deviendront les vertus cardinales et théologales? Quelques-unes resteront dans les écoles.
Que m’importe que tu sois tempérant? c’est un précepte de santé…