Document scientifique

CANCERS & GENETIQUE
Jimmy Geurts

Préambule

Si la médecine ancienne faisait du cancer la maladie des « humeurs mélancoliques », la médecine moderne en a rapidement fait une maladie de la « cellule », celle-ci perdant tous ses repères pour se multiplier indéfiniment et de manière anarchique, avec des conséquences inévitablement dramatiques.

Avec les progrès récents de la génétiquemoléculaire, on sait maintenant que le cancer est une maladie de l’ADN qui résulte de l’accumulation d’évènements mutationnels successifs : des mutations génétiques sur l’ADN des cellules germinales, c’est-à-dire transmises par les apports génétiques des parents ( ovules ou spermatozoïdes ), ou des mutations acquises durant la vie sur l’ADN d’une cellule somatique d’un tissu donné, comme une cellule ducolon par exemple.
Ces mutations altèrent le fonctionnement normal de certains gènes et par conséquence celui de la cellule toute entière qui devient cancéreuse.

Avec le développement de la génétique, de nombreux chercheurs ont tenté de démontrer une relation directe entre les cancers et les gènes, et de faire du cancer une maladie essentiellement génétique.
A cette hypothèse s’opposel’hypothèse de l’origine purement environnementale, liée aux facteurs environnementaux connus comme le tabac et l’alcool, moins connus ou parfois carrément sournois comme l’amiante, les radiations ionisantes, les toxines, certains virus ou autres infections, certains médicaments mêmes et aussi notre alimentation.

Si tous les cancers sont dus à un dérèglement à l’échelle des gènes, les cancérologuesconsidèrent aujourd’hui que seulement 5 à 10 % des cancers sont liés à des anomalies génétiques transmises héréditairement.
Mais on ne parle bien de cancers héréditaires que s’ils s’inscrivent dans une transmission génétique parfaitement établie. La preuve en est établie pour environ 1% des cancers.

2.
Relations gènes et cancers

Le cancer est une maladie de l’ADN. Il existe unealtération de gène(s) ayant une influence directe sur :

– La division excessive de la cellule
– La différenciation cellulaire
– La mort cellulaire ou apoptose

Il faut pour ce faire une accumulation de plusieurs évènements mutationnels touchant certains gènes

– Ceux « activant » des oncogènes
– Ceux « inactivant » des anti-oncogènes

Quels sont les gènes concernés dans la «carcinogénèse », c’est-à-dire le développement d’un cancer :

– Les « oncogènes » ou « proto-oncogènes » :
Il en existe une centaine décrite, impliqués dans la différenciation, la division et la mort cellulaire. Ce sont des gènes en général « dominants », codant ce qu’on appelle les « oncoprotéines » qui vont être des facteurs prédisposant au cancer.
– Les « anti-oncogènes » ou gènes suppresseurs :Ils sont moins nombreux et « récessifs », codant des protéines qui bloquent notamment la division cellulaire.
– Les gènes codant les protéines nécessaires au métabolisme des « carcinogènes », c’est-à-dire des molécules susceptibles de provoquer un cancer et que l’on appelle donc carcinogènes, en général intervenant dans la dégradation et l’élimination de ces facteurs prédisposant à l’apparitiond’un cancer et qui sont issus de notre environnement, comme de notre nourriture, mais aussi du tabac ou de notre environnement professionnel.
– Les gènes codant les protéines nécessaires à la réparation de l’ADN de nos cellules après que celui-ci ait fait l’objet de mutations induites par les rayonnements et les carcinogènes chimiques.

En ce qui concerne notre patrimoine génétique, il n’existe pasde gènes de prédisposition générale au cancer.
Un cancer se développe toujours après une succession de mutations génétiques.
3.

Gène et dysfonctionnement de la cellule

Toute l’information nécessaire au développement et au fonctionnement de chaque cellule est contenue dans l’ADN du noyau de la cellule.
Les chromosomes représentent l’ensemble de ce matériel. Ils sont au…