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Vie et œuvre
Manuscrit autographe de L’Autre Monde.
Descendant d’une vieille famille parisienne, Savinien Cyrano de Bergerac naît à Paris, rue des Deux-Portes (actuelle Rue Dussoubs dans le 2e arrondissement de Paris), dans la paroisse Saint-Sauveur, où il est baptisé9. Il est le fils d’Abel Cyrano (1565?-1648), marié le 3 septembre 1612 à Espérance Bellanger, « fille de défunt noble hommeEstienne Bellanger Conseiller du Roi et Trésorier de ses Finances », et a quatre frères : Denys (né en 1614), Anthoine (né en 1616), Honoré (1617) — tous deux morts jeunes — et Abel, ainsi qu’une sœur : Catherine. Ses grands-parents paternels sont Savinien I Cyrano de Bergerac (mort en juillet 1590), qualifié de « marchand et bourgeois de Paris » dans un document du 20 mai 1555, de « conseiller duRoi, maison et couronne de France » le 7 avril 1573, et Anne Le Maire10.
Puis, à partir de 1622, il vit avec sa famille dans les fiefs de Mauvières et Sousforest (nommé « Bergerac » à cause de ses anciens propriétaires) que son grand-père avait acquis en 1582 à Saint-Forget, près de Chevreuse, dans le sud-ouest de l’Île-de-France9. Après avoir passé une grande partie de son enfance dans cetteparoisse de Saint-Forget11,10, il étudie au collège de Beauvais de Paris, dont le principal, Jean Grangier, lui inspire le personnage principal du Pédant joué. Il n’est donc pas du tout Gascon, mais il s’engage en 1638 avec son ami Henry Le Bret dans la compagnie Royal Gascogne du baron Alexandre Carbon de Casteljaloux9,10 du régiment des gardes du roi, qui en comptait un grand nombre.
En 1636, sonpère vend Mauvières et Bergerac à Anthoine Arbalestrier et place probablement le produit de cette vente en rentes que les dévaluations successives réduiront10.
Engagé dans les combats qui opposent Français et Espagnols dans la guerre de Trente Ans, Cyrano est blessé en 1639 au siège de Mouzon d’« un coup de mousquet à travers le corps », puis, peut-être passé dans les troupes de Conti, en 1640 àcelui d’Arras d’« un coup d’épée dans la gorge », qui met fin à sa carrière militaire9,10. Parmi les compagnons de bataille de Cyrano, Christophe de Champagne, baron de Neuvillette (mort dans une embuscade, au retour du siège d’Arras, en août 1640), qui a épousé le 20 février 1635 Madeleine Robineau (1610-1657), cousine maternelle de l’écrivain12,13.
De retour dans la vie civile, il reprend sesétudes au collège de Lisieux en 1641, passe un marché avec un maître d’armes et prend un engagement avec un maître à danser. À la même époque, Libre-penseur, il devient intime avec Chapelle et s’introduit auprès du précepteur de ce dernier, Pierre Gassendi10, un chanoine de l’Église catholique qui tente de concilier l’atomisme épicurien avec le christianisme, dont il devient le disciple.
C’estégalement sans doute à cette époque, qu’il aurait mis en fuite une centaine de spadassins pour défendre le poète François Pajot de Lignières, près de la porte de Nesle, et qu’il refuse, par haine de la « sujétion », de prendre du service auprès du maréchal Jean de Gassion10.
Après la fin de sa carrière militaire, il s’engage dans la carrière littéraire. Son Pédant joué est peut-être représenté en 1646,sa Mort d’Agrippine avec certitude en 1653 — elle fait d’ailleurs scandale. Tallemant des Réaux écrit dans ses Historiettes : « Un fou nommé Cyrano fit une piece de théatre intitulée: la mort d’Agrippine, où Séjanus disoit des choses horribles contre les dieux. La pièce estoit un vrai galimathias. Sercy qui l’imprima dit à Boisrobert qu’il avoit vendu l’impression, en moins de rien: Je m’enestonne, dit Boisrobert. – Ah! Monsieur, reprit le libraire, il y a de belles impietez »14. Avant même leur parution, ses œuvres circulent sous une forme manuscrite. Nicéron prétend, dans ses Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres, qu’il a rencontré Molière. Même si ce n’est pas le cas, ce dernier lui a emprunté de nombreux passages10, en particulier une scène de son Pédant Joué….