Economie

Qu’est-ce qui, fondamentalement, amène
l’État à intervenir dans le jeu du marché ?
Le rôle régulateur des pouvoirs publics
peut se justifier théoriquement par
l’existence de défaillances demarché,
qu’il s’agisse des externalités, des biens
collectifs ou des monopoles naturels, qui
empêchent le marché d’aboutir à une
solution optimale en terme de bien-être
pour la société. Toutefois, lesdétracteurs
d’un quelconque rôle dévolu à l’État dans
l’économie soulignent que les coûts
générés par l’intervention publique, pour
compenser ces défauts, peuvent parfois
dépasser ceux issus dulibre jeu du
marché. Yves Croissant et Patricia Vornetti
présentent une synthèse des débats sur
cette question incontournable de la
science économique.
Faire mieux, mais selon quel critère ? Étantdonnées
la rareté (relative) des ressources disponibles et la
diversité des moyens de les employer, l’objectif qu’il
paraît naturel de chercher à atteindre est que ces
ressources soient utiliséesau mieux, qu’elles ne soient
pas gaspillées. La définition traditionnelle que la science
économique donne de l’absence de gaspillage
correspond au critère de Pareto : l’utilisation des
ressourcesest considérée comme efficace s’il est
impossible de trouver une autre allocation qui soit jugée
au moins aussi bonne par tous les agents économiques
et strictement meilleure par au moins l’und’entre eux.
Or, sous réserve que certaines conditions soient
remplies, le seul jeu des mécanismes de marché, animés
par des agents qui n’ont à l’esprit que leur intérêt
personnel, conduit à unesituation qui satisfait ce critère
d’efficacité. Autrement dit, l’équilibre d’une économie
de marché sans État constitue un optimum parétien (1).
De là à conclure que l’État est fatalement « celui quidérange » l’ordre idéal du marché, il n’y a qu’un pas…
qui ne peut toutefois pas être franchi, et cela pour trois
raisons.
• D’abord, les mécanismes de marché ne parviennent
pas nécessairement…