Étude de texte.
Les Débutantes de Christophe Honoré.

Christophe Honoré est écrivain de théâtre, critique, scénariste et réalisateur de cinéma. Sa première pièce de théâtre, Les débutantes, a été créée au Festival Off d’Avignon en 1998. En 2005, il revient invité au Festival d’Avignon « In » avec une nouvelle pièce, Dionysos impuissant, adaptation contemporaine des Bacchantes d’Euripide avecLouis Garrel dans le rôle de Dionysos et Joana Preiss dans le rôle de Sémélé. En 2008, il met en scène Angelo, tyran de Padoue de Victor Hugo. Le spectacle est crée au Festival d’Avignon, puis repris en tournée. Il devient également artiste associé au CDDB de Lorient. Dans ses œuvres pour la jeunesse, Christophe Honoré aborde de front des thèmes réputés difficiles et souvent réservés à lalittérature adulte comme le suicide, le SIDA, le mensonge des adultes, l’inceste ou les secrets de famille. Après avoir réalisé, en deux ans, Dans Paris et …[+] Les Chansons d’amour, Christophe Honoré commence en janvier 2008 le tournage de La belle personne une version contemporaine de la Princesse de Clèves pour Arte. En 2009, sort son nouveau film, Non ma fille, tu n’iras pas danser donnant pour lapremière fois un grand premier rôle à Chiara Mastroianni.
Les Débutantes est la première pièce de théâtre publiée par Christophe Honoré. C’est une pièce qu’il destinait au jeune public. Elle comprend un assez grand nombre de personnages : la sœur aînée, le petit frère, la petite sœur, Béatrice, la grosse, les jumelles, l’attendu- les attendus, l’amoureux – le sauvé, Pierre, la meilleure copine, laserveuse, la copine deux. L’intrigue semble simple, un petit frère est parti à la recherche de ses parents tandis que ses grandes sœurs sont en pleine adolescence et se cherchent, entre leurs fantasmes du monde, leurs désirs, leurs craintes… L’ensemble de l’œuvre présente tantôt des passages de la quête du petit frère, tantôt les moments de vies des jeunes filles. La pièce repose sur l’étude du lerapport des enfants aux parents disparus et le rapport des jeunes filles aux garçons. Également présent les thèmes de l’anorexie, l’image de soi, la boulimie, la découverte de l’amour, la découverte de la sexualité, le corps, les relations frère sœur. C’est un récit d’initiation.
Dans l’extrait étudié, la petite sœur est de retour d’une fête. Elle aurait dû y rencontrer un garçon, mais rien nes’est passé comme il fallait. Et c’est dans la crainte de la réaction de ses sœurs qu’elle rentre chez elle. Sans vraiment écouter ce qu’elle a à dire, les autres vont la submerger de questions. Ce qui prédomine ici, c’est l’intime et la choralité.
D’après Judith G. Miller « Le geste radical de se séparer du chœur, de reconnaître l’unicité de chacun au sein du groupe, de s’exprimer comme à part, aouvert le chœur antique à la subjectivité individuelle. Celui qui parlait seul s’opposait au groupe de choristes, leur posait des questions, s’angoissait au vu et au su de tous. Comme nous le savons, le chœur matériel, scénique et chorégraphié, a plus ou moins disparu du théâtre occidental depuis au moins le XVIIème. Dans l’histoire du théâtre, le jeu des subjectivités sincèrement opposées prend ledevant, obscurcissant le besoin de former une communauté et de s’y reposer sur la notion du bien commun. » Cependant, le texte contemporain tend à faire réapparaître le chœur, sans lui donner la même forme que dans le passé, mais en conservant tout de même certains attribue de ce chœur. Aujourd’hui il est plus souvent question de choralité, que de chœur antique même. Et bien que fort divergents,le chœur et la choralité semblent tout de mêmes posséder des fonctions communes.
Ici le chœur, c’est le clan, la fratrie. Et de ce fait c’est aussi le juge. Alors que la petite sœur, mal à l’aise se confie, sa parole est ignorée. Étouffée par une avalanche de questions : « Il a les cheveux blonds ? Il t’a embrassée ? Il t’a touché les seins ? Il a dit quoi de tes seins ? Il t’a serrée ? Il…