Extrait le misanthrope

ALCESTE Hé! le puis-je, traîtresse?Puis-je ainsi triompher de toute ma tendresse? Et quoique avec ardeur je veuille vous haïr, Trouvé-je un cœur en moi tout prêt à m’obéir?
Vousvoyez ce que peut une indigne tendresse, Et je vous fais tous deux témoins de ma faiblesse. Mais, à vous dire vrai, ce n’est pasencor tout, Et vous allez me voir la pousser jusqu’au bout, Montrer que c’est à tort que sages on nous nomme,Et que dans tous les cœurs il est toujours de l’homme. Oui, je veux bien, perfide, oublier vos forfaits; J’en saurai,dans mon âme, excuser tous les traits, Et me les couvrirai du nom d’une faiblesse Où le vice du temps porte votre jeunesse,Pourvu que votre coeur veuille donner les mains Au dessein que j’ai fait de fuir tous les humains,et que dans mon désert, où j’ai fait voeu de vivre, Vous soyez, sans tarder, résolue à me suivre: C’est par là seulement que, dans tous lesesprits, Vous pouvez réparer le mal de vos écrits, Et qu’après cet éclatn qu’un noble coeur abhorre,Il peut m’être permis de vous aimer encore.
CELIMENE Moi,…