Face au racisme
RESUME D’OUVRAGE Face au racisme, sous la direction de Pierre-André Taguieff
« L’histoire des idées a peut-être cette utilité, non pas de résoudre les problèmes, mais d’élever le niveau du débat ». (Albert O. Hirschman) Cet ouvrage a la particularité de réunir vingt études approfondies, explorant les dimensions historiques, sociologiques, juridiques et politiques du racisme. Le résumé qui vasuivre met l’accent sur l’origine et l’évolution du racisme d’une part, et sur les enjeux des années 1980 étant encore d’actualité, tels que l’intégration des immigrés, notamment par le système scolaire. Le racisme pose des difficultés pour les sciences sociales : comment le définir ? quels sont ses modes de manifestation ? ses causes ?Le problème du racisme est infiniment moins simple qu’on lepense, c’est pourquoi tenter de le définir semble indispensable. La plupart des définitions savantes sont des approximations. Le racisme y postule l’existence des races humaines, différant entre elles en raison de caractéristiques héréditaires. Cette conception de la « race » a été abandonnée par la science, nul résultat de recherche n’a pu démontrer l’existence d’une échelle de valeur universellepermettant de classer les « races » en supérieures et inférieures. Ainsi, le racisme, doctrine ou idéologie biologique est une théorie scientifiquement fausse. Cela a été largement diffusé par les déclarations de l’UNESCO depuis 1949 : le racisme est définitivement réfuté. Mais, mort en tant que théorie pseudo scientifique, le racisme montrerait une intense vitalité hors des frontières de lacommunauté savante. Le racisme peut présenter plusieurs types de phénomène : racisme-préjugé ; racisme-comportement (pratiques, actes) et racisme-idéologie qui est la forme la plus développée dans l’ouvrage. « Le racisme est une idéologie dont le noyau dur est constitué par l’affirmation d’une inégalité, fondée sur des différences de nature, entre les groupes humains (race), affirmation qui implique despratiques de domination, d’exclusion, de discrimination, de persécution ou d’extermination, que préparent et/ou accompagnent des attitudes de haine et de mépris (de l’ »autre »). Le racisme-idéologie a subit des métamorphoses contemporaines, à savoir le déplacement de l’inégalité biologique vers l’absolutisation de la différence culturelle.
I) Les différents visages du racisme : du début du XXèsiècle à aujourd’hui A) Vers la fin du racisme ?
« Les hommes sont rarement contemporains de leur propre histoire. Ils continuent d’invoquer une idéologie, longtemps après que celle-ci est été démentie par les évènements, sans même se rendre compte que la victoire éventuelle de leur foi aurait un sens exactement opposé à l’inspiration originelle ». (Raymond Aron, 1948) Le racisme à proprementparler signifierait une théorie de la différence biologique, la thèse du déterminisme biologique (ou génétique) de l’inégalité entre les races. Le relativisme culturel devient dans les années 1930 et 1940 l’arme décisive à la fois contre le déterminisme biologique et contre l’ethnocentrisme comme attitude supposée spontanée. Ethnocentrisme et racisme devaient donc disparaître au terme d’un processusd’éducation et de diffusion des connaissances sur les civilisations ou les systèmes culturels. L’antiracisme se confond alors avec une argumentation à la fois culturaliste et relativiste, semblant garanti par les faits scientifiquement établis par les recherches anthropologiques et la croyance dans un pouvoir illimité de l’instruction, destructrice de préjugés. Les témoignages d’autosatisfactiondes intellectuels et des scientifiques antiracistes sont alors très nombreux. Les plus optimistes sont ceux qui réduisent le racisme à un mode de légitimation de l’exploitation économique de type capitaliste. Cette réduction historiciste, d’origine marxiste est centrale dans les conceptions « révolutionnaires » du racisme : « il s’agit de dépasser l’idéologie et la politique bourgeoise,…