Gel/degel des clivages

Exposé : le dégel des clivages

Dans une perspective comparée, dans quelle mesure le déclin des clivages traditionnels amenant à parler de « dégel » entraîne t’il une restructuration du jeux politique ?

« Les clivages politiques résultent de la démocratie », au sens ou l’entendait James Madison (auteur du Fédéraliste et quatrième président des Etats-Unis). Dans toute assemblée démocratiquel’opinion tend à se scinder sur les choix alternatif qui lui sont proposés. L’émergence d’ensemble de choix liés les uns aux autres crée des divisions durables ou clivages. Les clivages sont en ce sens un corolaire nécessaire au fonctionnement de la démocratie.
La principale œuvre de classification des clivages et leurs impacts sur l’organisation des partis politiques demeurent celle de SteinRokkan et Seymour M. Lipset.
La théorie du gel des clivages, ses fondements sociologiques explicatif des variables du vote et de la structuration de l’entreprise politique sont toujours d’actualité mais tendent à être remise en cause par diverses études.
En effet indépendamment de l’intensité et de la structure des clivages, c’est la capacité des systèmes politiques à les intégrer qui paraîtdéterminante.
Cette capacité d’intégration et d’institutionnalisation des clivages politiques dépend aujourd’hui de nombreux facteurs : socio-économiques, politiques internationales, l’émergence de nouvelles valeurs, l’ouverture des frontières, ou encore l’intégration européenne.
C’est cette multiplicité des facteurs explicatifs qui tendent aujourd’hui à mettre en exergue les nouveaux enjeux de lacompétition politique et plus largement la réorganisation sociale et politique de la structure des clivages, qui a amené un certain nombre d’auteurs à contester la pertinence de la carte conceptuelle de Rokkan.
De plus, Les deux chercheurs avaient eux-mêmes souligné le relativisme de leur théorie en invoquant la possibilité de l’émergence de nouveaux clivages : « La subtilité dans la thèse ditedu gel des clivages est qu’elle précise bien que chacun des partis politiques, à son origine, se rattache à l’une des familles du paradigme des quatre clivages. Elle souligne bien qu’il n’est qu’une référence générique à un ensemble de valeurs et de traditions communes à une famille politique, n’excluant pas nécessairement des transformations et des mutations ».
Dans une perspective tantcomparative qu’historique, l’exigence du sujet nous oblige à comparer ce qui est comparable et il serait simpliste de réduire l’étude de la théorie et son application actuelle aux seuls enjeux politiques stricto sensu.
En effet, l’introduction du suffrage universel au tournant du XXème siècle, élément essentiel qui avait contribué selon eux à institutionnaliser et ainsi à « geler » les clivagespolitiques alors en place est dépassé. L’intériorisation des valeurs civiques et l’apprentissage électoral des citoyens acquis, les enjeux se portent sur d’autres facteurs. Les partis politiques ne forment plus l’unique ensemble du jeu politique, tandis que les citoyens, corrélativement, ont désormais des besoins électoraux divergents de ce tiré de l’analyse des systèmes partisans des années 1920 auxannées 1960.
Depuis des études menées dans les années 70 par un politologue américain Ronald Inglehart, l’émergence de ce que l’on peut qualifier de « révolution post-industrielle » semble avoir brouillé la structure des clivages traditionnels.
L’éclosion de nouvelles valeurs synthétisées par l’expression post-matérialiste dans le cadre d’une révolution dite silencieuse, rappellerait lesrévolutions socio-économiques du XIXème siècle, dont L&R avaient pointé l’influence décisive dans la formation des systèmes politiques occidentaux.
Dans la foulée des mouvements contestataires des 60’s (Hippies, développement consociatifs, des mouvements alternatifs), eux-mêmes intimement associés aux évolutions socio-économiques et démographiques, de nouvelles idées et de nouveaux thèmes ont été…