Historien et poète
L’Homme a depuis toujours entretenu une relation très étroite avec l’Ecriture au point de dire qu’elle est devenue son propre. Le mot écrire a pris un tel sens qu’il peut désigner la façon dont l’écrivain lui-même envisage la place de ses écrits ou récits.
A partir de cette remarque, nous pourrons dire que l’Ecriture peut se définir par les volontés de l’écrivain, ses buts et ses attentes. Eneffet, on ne peut écrire pour les mêmes raisons, ce qui nous fait en sortir deux formes, au moins, très distinctes d’écriture : documentaire et romanesque, informative et émotionnelle, respectivement, celle de l’historien et celle du littérateur.
En faisant référence à la citation : « l’historien et le poète ne diffèrent pas par… », nous pourrons dire que les récits de l’historien et dulittérateur différent non pas par rapport à la forme seulement mais par rapport aussi à d’autres critères que nous allons essayer de développer dans ce travail.
En effet, si ces deux écrivains ne travaillent pas le texte de la même manière, alors qu’est-ce qui les différencie ? Et qu’est-ce qui les unit ?
Afin d’y répondre, nous allons d’abord définir l’historien et l’écrivain littéraire, ensuite,le rôle de chacun d’eux, puis, les caractéristiques de chaque texte, enfin les points convergents et divergents.
L’historien est un homme qui possède des diplômes idoines, et qui est chargé d’enseignement à l’université, ou de travaux dans le cadre de la recherche scientifique, c’est un chercheur ; et la recherche se fait en archives et sur témoignage. Il est spécialiste de l’Histoire. Auteurd’ouvrages historiques. Cet auteur représente l’Ecriture historique. L’historien donc est un scientifique.
Quant au poète, il est celui qui écrit des poèmes en vers ou en proses. C’est un littéraire. Cet auteur représente l’Ecriture littéraire. Visionnaire, romantique, idéaliste ou engagé…. Ce terme (poète) peut désigner les romanciers, les nouvellistes… . Le poète donc est un artiste.L’historien raconte le particulier, en effet celui-ci ne crée pas l’Histoire ni les évènements qui la jalonnent, mais son travail consiste à les ressusciter : qu’un historien l’ait écrit ou non, la France a bel et bien débarqué à Sidi-Fredj un certain 5 juillet 1830 en Algérie, à les faire ressurgir du passé grâce à un travail considérable, méthodique, obéissant à des normes draconiennes qui fontl’éthique et la déontologie de ce métier, dans la mesure du possible, faisant un travail de recherche, d’investigation auprès de participants aux évènements du passé ou de témoins dignes de foi, passant son temps aux archives à la collecte d’informations concrètes et précises sur des évènements passés afin de faire ressurgir des vérités jusque-là ignorées ou cachées et les faire dévoiler au grand publicpar le biais d’un ouvrage constitué de récits, d’une écriture qui transmet l’information et qui apprend aux lecteurs les choses qu’ils pourraient ignorer. En outre, lorsque l’historien rapporte des faits, il cite des évènements, ces derniers sont liés à des époques, à des dates bien précises, à des personnages historiques bien précis ; prenons comme exemple la Guerre de la libération algérienne,l’historien se réfère automatiquement aux dates principales, importantes qui balisent ce pan de l’Histoire d’Algérie: le 1er novembre 1954 déclenchement de la révolution, « première balle » qui allait annoncer le début de la révolution à partir des Aurès(lieu bien précis), 1956, le sommet de la Soummam qui allait organiser cette révolution, 19 mars1962, date du cessez-le-feu et fin de la périodecoloniale. Cependant, le politique a voulu que cela soit un 5 juillet car cela coïncide avec la date du débarquement de la France à Sidi Fredj en 1830. Le mot fin n’est pas anodin car qui dit fin, dit récit terminé, histoire close : celui qui veut réécrire ce pan de l’histoire et indépendamment du style de l’auteur s’arrêtera toujours à cette date, cela veut dire que l’historien a balisé…