I – les theories de la justice
I – LES THEORIES DE LA JUSTICE
Dans les théories contemporaines de la justice, on peut distinguer trois types de justice : distributive, procédurale et interactionnelle. La justice distributive fait référence à la justice perçue des avantages attribués durant une transaction. La justice procédurale a trait aux processus ou moyens par lesquels les avantages sont attribués. Enfin, la justiceinteractionnelle concerne les traitements interpersonnels.
La justice distributive
Adams (1963, 1965) s’inspire des travaux de Festinger (1954) sur la comparaison sociale pour formuler l’hypothèse centrale de la théorie de l’équité. Selon Festinger, en l’absence de critères objectifs, l’homme tend à évaluer ses aptitudes, à fonder ses opinions, par rapport à celles d’autres personnes. L’équitépeut être décrite comme un jugement en deux étapes. Dans la première étape, l’individu évalue ses contributions ainsi que ses avantages. Puis, il compare ces deux évaluations, c’est-à-dire les avantages qu’il retire de la relation par rapport à ses contributions. Adams (1965) précise que les contributions sont subjectives, elles représentent ce que l’individu perçoit apporter dans l’échange, etpour lequel il attend une juste rétribution (p. 277).
L’individu a le sentiment d’être traité avec équité s’il perçoit que les avantages retirés sont justes en regard de ses contributions. C’est le principe de l’équité interne. La perception d’une personne de l’équité de son ratio dépend aussi de sa perception de celui d’autres personnes prises en référence.
Lorsque P est une Personne, O l’autrepersonne, A leurs avantages et C leurs contributions, le ratio d’équivalence est Ap:Cp = Ao:Co. Un ratio différent de zéro signifie une inéquité positive pour l’un et une inéquité négative pour l’autre. Il s’agit du principe de l’équité externe. L’individu a le sentiment d’être traité avec équité s’il perçoit que les avantages reçus, relativement à ses contributions, sont proportionnels auxavantages et contributions des personnes avec lesquelles il se compare. En revanche, lorsqu’il perçoit des différences entre son ratio et ceux des personnes avec qui il se compare, il éprouve un sentiment d’inéquité.
Adams pense que chaque type d’inéquité produit des émotions différentes. Une personne qui perçoit une inéquité positive aura tendance à se sentir coupable alors que dans le cas contraire,elle éprouvera de la colère. Le sentiment de culpabilité serait plus transitoire que le sentiment de colère parce que l’individu a tendance à rationaliser ses gains. L’auteur se réfère à la théorie de la dissonance cognitive de Festinger (1957). Il fait l’hypothèse selon laquelle l’existence d’une dissonance provoque un malaise chez l’individu qui le motive à la réduire. Il existe plusieurs moyensd’y parvenir. L’individu peut changer l’objet de comparaison. Par exemple, un client qui compare son ratio avec celui d’un ami peut décider que la comparaison avec un autre client est plus appropriée. Une autre stratégie de réduction de l’iniquité consiste à changer la perception des quatre
éléments de l’échange (Ap, Cp, Ao et Co). Un client peut, consciemment ou non, minorer ses contributions et/oumajorer ses avantages ainsi que ceux de la personne avec qui il se compare.
Dans la littérature organisationnelle, un individu peut se comparer soit à une ou plusieurs
personnes à l’intérieur de son entreprise, soit à une ou plusieurs personnes travaillant dans d’autres organisations. Thériault (1983) a élargi la notion de point de repère. Il montre que l’individu réalise aussi desauto-comparaisons de ratio au cours de trois situations différentes. D’une part, il peut comparer son ratio présent avec la perception de ses ratios passés. Il observe si les avantages actuels par rapport à ses contributions du moment sont proportionnellement équivalents à ceux de ses situations antérieures. D’autre part, il peut comparer son ratio présent avec la perception de ses ratios futurs. Enfin,…