Islam

L’ISLAM DANS LE MONDE AUJOURD’HUI Avec près de 1 160 000 000 (un milliard 160 millions) d’adeptes à travers le monde, l’islam est la deuxième religion de l’humanité après le christianisme. Il y a moins de dix ans, les musulmans étaient moins nombreux que les catholiques (837 308 700 musulmans pour 886 698 600 catholiques en 1986). Aujourd’hui, la situation s’est inversée, mais le christianisme,avec ses différentes églises, reste la première religion du monde avec près de 1,4 milliard d’adeptes. I — DIVERSITE DES PEUPLES ET DES CULTURES 1. ARABES ET MUSULMANS Hormis les spécialistes, il existe une tendance commune aux Français et aux Maghrébins, à confondre Arabe(s) et musulman(s), arabité et islam. Cette confusion est fondée sur des raccourcis qui sont le produit de I’histoire desrapports entre la France et l’Afrique du Nord. Des deux côtés, on a pris l’habitude de s’identifier par rapport à une dichotomie opposant l’arabo-musulman, avec comme prototype le maghrébin, à l’européo-chrétien dont le Français serait l’archétype. Cette opposition a été à l’origine des mythes identitaires qui ont fini par occulter la réalité pluriconfessionnelle, pluriculturelle,pluriethnico-linguistique de l’Afrique du Nord au profit du mythe d’une identité homogène arabo-musulmane. C’était plus simple et tout le monde croyait y trouver son compte. Les minorités — parfois majoritaires — qui ne se reconnaissaient pas dans cette opposition, trouvaient dans les avantages que leur assurait l’assimilation à un camp ou à un autre des raisons suffisantes pour taire leur insatisfaction. Il en futainsi, à titre d’exemple, pour les juifs arabes et berbères d’un côté, et pour les berbères de i’autre. Ce qui importait — et importe encore pour beaucoup — ce n’est plus ce qu’on est réellement, mais la position qu’on a — ou qu’on estime intéressante d’avoir — par rapport à la dichotomie principale opposant les arabo-musulmans aux européochrétiens. Il a fallu les crimes nazis pour faire découvrir àl’Europe le complément juif de son identité. De même, il a fallu le jacobinisme du F.L.N. et l’intégrisme du F.I.S. pour rappeler la dimension berbère de l’identité algérienne et nord-africaine. Que faudra-t-il pour que l’Europe prenne conscience des autres dimensions de son identité dont celle qu’elle doit à I’islam et à l’autre rive de la Méditerranée ? Quelles autres catastrophes devra-t-onsubir pour que les mondes arabe et musulman reconnaissent de leur côté, les composantes juive, africano-animiste, gréco-romaine, occidentale… de leur identité ? Peut-on espérer y parvenir, d’un côté comme de l’autre, sans revoir de nouveaux crimes de même nature que l’épisode nazi ? Il faut l’espérer en sachant qu’aucun peuple n’est à l’abri de la tentation de succomber aux démons que l’Allemagne aconnus ! Ce qui se passe aujourd’hui dans divers points de notre planète, et auquel on assiste avec I’impuissance et les hésitations que le monde a connu dans l’entre-deux guerres est là pour nous le rappeler. Outre les raccourcis liés à l’opposition entre une Europe chrétienne et un monde arabo-musulman, subsiste la confusion entre Arabe(s) et musulman(s) par des facteurs liés à I’origine de lareligion musulmane : l’islam est apparu en Arabie, son prophète est arabe, ses textes fondateurs, dont le Coran, sont d’abord des textes arabes. Pendant les
Contenus extraits de : Histoire des religions – Cerf / CRDP de Franche-Comté

trois premiers siècles de son existence, le fait islamique était principalement tributaire de I’hégémonie politique et culturelle des arabes. Durant des siècles,l’arabe était à l’islam ce que le latin fut au christianisme occidental. Cela explique que l’arabe reste la langue liturgique de la quasi totalité du monde musulman. Cependant si ces raisons permettent de comprendre l’origine de la confusion entre arabe(s) et musulman(s), elles sont loin de pouvoir en excuser l’absurdité. Le premier indicateur de cette absurdité est la diversité confessionnelle…