John maynard keynes
RAPPORT DE SUIVI MONDIAL 2009 Vue d’ensemble La crise financière mondiale, la plus grave depuis celle de 1929, est devenue une crise humaine et de développement. Apparue dans les pays développés, la crise a rapidement et inexorablement gagné l’ensemble des pays en développement. Il ne fait plus aucun doute qu’il ne s’agit pas d’une crise passagère. Les pays pauvres sont particulièrementvulnérables car ils ne disposent pas des ressources nécessaires pour redresser la situation. La crise risque de réduire à néant les progrès réalisés non sans mal sur le plan de la croissance économique et des objectifs de développement pour le Millénaire (ODM). Elle compromet l’existence même de plusieurs millions de pauvres, qui sont généralement les plus durement touchés et les moins à même de se protégercontre les crises. Réunis en 2008 pour faire le point de la réalisation des ODM à mi-parcours de l’échéance de 2015, les dirigeants mondiaux ont constaté avec une vive inquiétude le retard pris dans la réalisation des objectifs, en particulier ceux liés au développement humain, et lancé un appel à l’action pour intensifier les efforts dans le domaine du développement. Le Secrétaire général desNations Unies a déclaré : « Nous sommes exposés à une véritable crise du développement » et le Premier Ministre britannique a évoqué « la situation d’urgence mondiale que constitue la pauvreté ». Ces préoccupations ont été exprimées avant même que le monde ne soit frappé de plein fouet par la crise financière. S’il existait déjà une crise du développement, c’est aujourd’hui une réalitéincontournable. La crise financière menace de réduire à néant les progrès accomplis et nécessite d’agir au plus vite. Une succession de crises Pour les pays pauvres, c’est une nouvelle crise, si peu de temps après les chocs des prix des denrées alimentaires et des carburants. En proie à une triple crise alimentaire, pétrolière et financière qui accroît leurs coûts humains et compromet leurs perspectives dedéveloppement, de nombreux pays pauvres sont au bord de la catastrophe. Après le gel des marchés financiers internationaux en 2008, les pays émergents ont été parmi les premiers pays en développement à subir les effets de la crise financière en raison de leur forte dépendance à l’égard des apports de capitaux privés. Les flux de capitaux privés vers les pays en développement accusent une baisse sansprécédent de plus de 700 milliards de dollars par rapport au niveau record de 2007 et les apports nets seront probablement négatifs en 2009. Bon nombre des pays en développement se ressentent également de la pénurie de crédit dans le secteur privé ; les entrées de capitaux privés dans ces pays, notamment en Afrique, sont aujourd’hui en recul après plusieurs années d’expansion. Mais ces payss’attendent à être durement touchés en 2009 par une deuxième série de revers liés à la récession mondiale et à la diminution des échanges internationaux : selon les prévisions, le produit intérieur brut (PIB) mondial va fléchir en 2009, pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale, et le commerce mondial va enregistrer la plus forte baisse de la période d’après-guerre. Les pays à faible revenuenregistreront une baisse des exportations, des prix des matières premières, des envois de fonds des travailleurs expatriés, des revenus touristiques, de l’investissement étranger direct et peut-être même de l’aide extérieure. Ces chocs se répercuteront sur les recettes publiques, aggravant encore l’impact négatif des crises alimentaire et pétrolière sur le budget de nombreux pays et compromettantencore davantage les programmes
de dépenses publiques. En outre, les systèmes financiers des pays à faible revenu, même s’ils sont relativement à l’abri de la contagion financière internationale du fait qu’ils sont moins exposés aux aléas des marchés financiers mondiaux, risquent de subir un deuxième contrecoup à mesure que le ralentissement économique accroît le pourcentage de prêts…