La poesie
Emplois adj.
A.? LITT. et B.-A.
1. [En parlant d’une œuvre, d’un style, d’une manière de parler] Qui développe des idées extravagantes à l’aide d’expressions bouffonnes, voire triviales, en vue de divertir. Les poésies burlesques de Berni. Petites compositions burlesques, divertissements plus ou moins volés aux Italiens (Brasillach, Pierre Corneille, 1938, p. 352) :
1. Ils [les comédiens]avaient pour usage de venir avant la grande pièce, tragi-comédie ou tragédie, soutenir en présence du public quelque paradoxe burlesque, quelque proposition graveleuse; faire l’éloge du cocuage, de la pauvreté, du galimathias, de la laideur, du silence, du crachat; railler les pédants et les censeurs, prouver que toutes les femmes aiment ou peuvent aimer, etc.; inépuisables lieux communs,qu’exploitait avec un égal succès le fameux Tabarin sur ses tréteaux du Pont-Neuf.
Sainte-Beuve, Tabl. hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIe s., 1828, p. 252.
? Spéc., POÉSIE. Genre burlesque. [En France, aux environs des années 1640-1660] Parodie généralement en vers dont le propos était de travestir de manière comique a) soit le plus souvent une œuvre de style, noble, en prêtant auxhéros des actions et des propos vulgaires et bas : Scarron a mis l’Énéide en vers burlesques (Besch. 1845); b) soit, inversement et plus rarement, un sujet peu élevé en prêtant aux personnages des actions et des propos élevés et nobles (le terme exact est dans ce cas héroï-comique). L’Arrêt burlesque de Boileau. Boileau, dans son Lutrin (1671), donnait l’exemple d’un « autre burlesque » (…) où lesidées basses sont exprimées en termes nobles (A. François, Hist. de la lang. fr. cultivée des orig. à nos jours, t. 1, Genève, A. Jullien, 1959, p. 393) :
2. Il faut une extrême délicatesse pour parler aujourd’hui ailleurs que dans le genre burlesque, d’Apollon et de Pégase, des Muses, de la fontaine d’Hyppocrène et du sacré vallon. Vénus, les ris, les jeux et les grâces commencent à vieillir, etmême ce n’est qu’avec réserve et précaution qu’on peut hasarder encore de nommer Mars et Thémis.
Bonald, Législ. primitive, t. 1, 1802, p. 230.
3. Fournel et West se sont efforcés de situer exactement le genre burlesque par les différences qu’il peut présenter par rapport à des genres voisins, le bouffon et le parodique. La parodie transposerait une œuvre tout entière, en modifiant le fond, lecadre et les personnages ? le burlesque se bornerait à « une antithèse perpétuelle entre la grandeur des actes et la bassesse du style ». C’est adopter la définition de Boileau, et réserver en somme le mot de parodie à des œuvres où « une horlogère et un horloger parlent comme Didon et Énée… »
F. Bar, Le Genre burlesque en France au XVIIe s., Paris, éd. D’Artrey, 1960, p. XXIX.
SYNT. Comique,composition, drame, épopée, parodie, poème, satire burlesque.
? [En parlant d’une figure de rhét.] … la loi de formation de l’argot français, c’est la métaphore, toujours burlesque (Mérimée, Lettres à Francisque Michel, 1870, p. 12).
2. P. anal., dans d’autres arts (cin., danse, peint.). Synon. grotesque. Symphonie burlesque (Gevaert, Traité d’instrumentation, 1885, p. 176).
? Balletburlesque. [Sous le règne de Louis XIII] Petit ballet de style bouffon dont le comique était dû principalement au costume des danseurs. Quelques fragments de ballet ou de pantomime burlesque (J. Lorrain, Âmes d’automne, 1898, p. 47).
B.? P. ext. [En parlant d’une pers., ou de l’un de ses attributs, physiques ou moraux]
1. [En parlant de l’aspect physique, du comportement extérieur ou du lang.]
a)Personne, costume burlesque. Dont l’aspect fantaisiste et souvent ridicule contraste avec la condition ou l’environnement social de l’individu :
4. Quand il [Bois-Doré] eut bien réussi à faire, d’un beau vieillard qu’il était, une vieille marionnette burlesque, il s’avisa encore de gâter son port, qui avait la dignité de son âge, en faisant barder de doubles lames d’acier ses pourpoints et ses…