La politique est-elle l’affaire de tous?

La politique est-elle l’affaire de tous ?

Analyse du sujet

– « La politique » désigne surtout une activité et une pratique déterminée dont il faudra expliciter les normes. Elle met en jeu des conceptions politiques différentes dont il faut tenir compte
– « Est-elle », il s’agit théoriquement d’une simple relation de fait (un constat objectif); mais il faudra aussi se demander ce que lapolitique doit être.
– « L’affaire de tous ». Expression courante qu’il faut préciser. Affaire de tous ou seulement de spécialistes? Est-ce l’intérêt commun ou celui des minorités dominantes? Tout le monde doit-il se sentir concerné par la politique et son application ?

Introduction

Il existe un mythe de l’autorité politique, de son exercice même: c’est celui d’une activité spécialisée, plus oumoins mystérieuse, et dont seuls pourraient avoir le secret les initiés ( la classe politique ).
Les mystères de la vie politique, son aspect très théâtral, tendent à suggérer l’idée qu’il y aurait d’un côté des acteurs, de l’autre des spectateurs plus ou moins passifs. Ainsi, la pratique politique serait l’oeuvre de quelques-uns.
Pourtant l’étymologie du mot « politique » (polis=cité) semble indiquerque tout ce qui concerne la vie collective est politique, et intéresse, ou doit intéresser, tous les membres du groupe.
N’y a-t-il pas un contraste entre une telle conception et la scène politique elle-même? Il faut pour élucider ce problème, envisager de manière approfondie ce que peut être le statut de la politique, et réfléchir sur une question que périodiquement l’actualité tend à poser: « lapolitique est-elle l’affaire de tous »?

1° partie: La politique est l’affaire de quelques-uns

– La description de la vie politique montre que ceux qui détiennent le pouvoir sont détenteur de fait d’une compétence et d’une expérience déterminées; c’est le cas non seulement des dirigeants mais aussi des militants capables de comprendre les subtilités du jeu politique. Parallèlement lapassivité des citoyens renforce cette rupture.
– L’autorité politique semble répondre à une logique fondée sur l’idée du « don politique », (le pouvoir charismatique de Weber). phénomène que renforce à notre époque les moyens de communication et le culte de la vedette dans l’Etat spectacle.
– Dans son fonctionnement, le pouvoir est lui-même divisé et la complexité des tâches impose une spécialisation,garantie de l’équilibre des pouvoirs; cf Montesquieu.
– La pratique concrète de « l’art politique » bien décrite par Machiavel ne peut être que l’affaire du Prince qui par la force ou la ruse prend seul ses décisions: le secret d’Etat.
– Ceux qui prétendent que leur pouvoir sert l’intérêt commun ne font que masquer des intérêts particuliers; ainsi Marx dénonçait-il le pouvoir des classes dominantes.2°partie : En quel sens la politique concerne-t-elle tout le monde?

– Bilan et critique; Cette analyse ne concerne en fait que l’apparence de l’action politique; si les moyens employés exigent le plus souvent un personnel qualifié, les objectifs concernent l’intérêt général.
– Machiavel lui même doit reconnaître que ce qui fait la grandeur du Prince c’est qu’il est capable de maintenir lapaix dans son Etat, car son pouvoir en dépend directement; ainsi nul pouvoir n’est plus assuré que celui qui satisfait le bonheur du grand nombre.
– De même ceux qui dénoncent les politiques partisanes, le font encore pour que puisse s’instaurer un ordre au service du plus grand nombre; la révolution au sens de Marx doit se faire au profit de tous les prolétaires c’est-à-dire de l’homme engénéral.
– Enfin c’est notre idée de la politique qui s’avère illusoire car nous l’identifions spontanément au seul pouvoir de décision; or selon Platon même s’il revient aux magistrats-philosophes d’organiser la cité, la véritable justice et donc l’harmonie sociale n’est possible que si chaque classe tient la place qui lui revient de droit. Or que deviendrait la vie d’une cité sans ses « guerriers »…