Le blé en herbe et l’amour

Colette, de son vrai nom Sidonie Gabrielle Colette, est une romancière française, née à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne) le28 janvier 1873, morte à Paris le 3 août 1954. Elle a été élue membre de l’Académie Goncourt en 1945.
Dernière enfant de Sido (Sidonie Landoy) et du capitaine Colette, celle qui deviendra Colette a vécu une enfance heureuse à Saint-Sauveur-en-Puisaye, gros village deBourgogne. Adorée par sa mère comme un « joyau tout en or » au sein d’une nature fraternelle, elle rencontre, adolescente, Henry Gauthier-Villars, surnommé « Willy », avec qui elle se marie le 15 mai 1893 à Châtillon-Coligny. Willy, auteur de romans populaires, est un viveur parisien qui fait également travailler à son profit une équipe de collaborateurs. Il introduit Colette dans les cercles littéraireset musicaux de la capitale. Vite saisi par les dons d’écriture de sa jeune épouse, Willy l’engage à écrire ses souvenirs d’école, qu’il signe sans vergogne de son seul nom. Cela donne Claudine à l’école, bientôt suivi d’une série de Claudine (La Maison de Claudine, Claudine à Paris, Claudine en ménage, etc.), qui sont donc publiés sous le nom du seul Willy.
Willy est, entre autres, l’amant deMarie-Louise Servat, femme d’Émile Cohl, à qui il donna un fils; Jacques Henry Gauthier-Villars (en réalité le fils de Willy est né avant que celui-ci ne commence à fréquenter Colette – en 1889 – et donc bien avant son mariage avec elle, c’est même en mettant cet enfant en nourrice à Chatillon-Coligny qu’il a commencé à fréquenter Colette). Colette, jalouse et consternée de devoir être enfermée dansun rôle d’épouse bafouée, se libère de plus en plus de cette tutelle. Encouragée par le comédien et mime Georges Wague (1874-1965), elle commence alors une carrière au music-hall (1906-1912), où elle présente des pantomimes orientales dans des tenues suggestives, puis se produit au théâtre Marigny, au Moulin-Rouge, au Bataclan. Ce sont des années de scandale et de libération morale : elle divorcede Willy en 1906, connaît plusieurs aventures féminines, notamment avec Mathilde de Morny (Missy), fille du duc de Morny et sa partenaire sur scène, en 1911, qui lui a offert la villa Roz Ven à Saint-Coulomb en Bretagne, ou Natalie Clifford Barney dite « l’Amazone ». Durant toute cette période, Colette chemine aussi dans sa vocation d’écrivain. Elle publie des ouvrages évoquant ces années, comme LaVagabonde, L’Envers du music-hall ou En tournée. Une attention de plus en plus précise à la justesse des mots, notamment lorsqu’ils sont chargés d’exprimer l’effusion dans la nature, une sensualité librement épanouie pour revendiquer les droits de la chair sur l’esprit et ceux de la femme sur l’homme, voilà quelles sont les lignes de force de cette écriture.

Colette en 1896, par JacquesHumbert
Après son divorce, Colette a une brève liaison avec Auguste-Olympe Hériot, rencontré à la fin de 1909. Elle rencontre ensuite Henry de Jouvenel, politicien et journaliste, qu’elle épouse en 1912 et qui l’engage à donner quelques billets et reportages au journal le Matin, dont il est le rédacteur en chef. De lui, elle aura sa seule enfant, Colette Renée de Jouvenel, dite « Bel-Gazou » (« beaugazouillis » en provençal). À quarante ans, elle joue encore un rôle d’initiatrice à l’amour auprès du fils d’Henry, Bertrand de Jouvenel, dix-sept ans, expérience qui nourrira les thèmes et les situations dans Le Blé en herbe. Pour ce qui concerne Chéri, c’est un fantasme devenu réalité, puisque le livre est publié en 1920 alors que sa conception remonte à 1912, soit quelques années avant saliaison avec Bertrand de Jouvenel. Le divorce d’avec Henry de Jouvenel sera prononcé en 1923. Comme elle le fera pour Willy dans Mes apprentissages, Colette se vengera de son ex-mari dans Julie de Carneilhan.
En juin 1919, Colette, directrice littéraire du journal « Le Matin », contacte Léopold Marchand, figure marquante du théâtre entre les deux-guerres, pour contribuer à une nouvelle rubrique…