Le choc des civilisations

HUNTINGTON – CHOC DES CIVILISATIONS (1996)
paru en 1996 et traduit en français en 1997, l’auteur cherche à démontrer qu’à l’ordre bipolaire de la guerre froide s’est substitué un ordre multipolaire basé sur les civilisations. La politique globale est à la fois multipolaire et multicivilisationnelle, le rapport de force entre civilisations change et l’influence de l’occident décline. Un ordremondial organisé sur la base de civilisations apparaît et les pays se regroupent autour des Etats phares de leur civilisation. Cependant ce nouvel équilibre est instable, les prétentions de l’Occident à l’universalité le conduisent de plus en plus à entrer en conflit avec d’autres civilisations. S. Huntington en déduit que le XXIème siècle se caractérisera par un affrontement probable des grandescivilisations.
? En somme, la chute des idéologies s’est accompagnée d’une résurgence des sentiments identitaires, et le nouvel ordre mondial ainsi créé, parce qu’instable, entraînera inévitablement un choc des civilisations.
légitimité de la théorie d’autant plus forte suite aux attentats terroristes du 11 septembre 2001. Aussi est-il pertinent de se demander dans quelle mesure ce paradigmepermet d’offrir une grille de lecture pertinente des problèmes du monde contemporain. Mais plutôt que d’observer et d’analyser le monde, cette théorie n’a-t-elle pas été instrumentalisée et utilisée afin de justifier des politiques belliqueuses ?

Pour une reconsidération de l’ordre mondial dans un contexte post guerre froide : le choc des civilisations selon Samuel Huntington
contre le paradigme àdépasser est celui de la fin de l’Histoire proposé par F. Fukuyama dans « l’euphorie qui a suivi la fin de la GF [qui] a engendré l’illusion d’une harmonie prônant l’universalisation de la démocratie libérale occidentale en tant que forme définitive de gouvernement.
Le pouvoir est de plus en plus dévolu à des entités infra-étatiques, régionales, provinciales et locales. A l’opposé
Vers unedéfinition du concept de civilisation(s) : Il y aurait donc huit grandes civilisations (cf. carte) que seraient la civilisation chinoise, japonaise, hindoue, islamique, occidentale, latino-américaine, orthodoxe et africaine.
Distinction entre Civilisation de civilisations. L’idée de civilisation a été introduite au 18e s. par les penseurs français en opposition au concept de barbarie.
S.Huntington utilise le terme de civilisation au pluriel car l’idée de civilisation universelle est pour lui un leurre. La civilisation universelle signifierait que de plus en plus on accepterait dans le monde entier les mêmes valeurs, les mêmes croyances, les mêmes orientations, les mêmes pratiques et les mêmes institutions ; ce à quoi S. Huntington s’oppose.
Réfute l’idée que le civilisation occidentaleva se propager à l’échelle mondiale « L’essence de la civilisation occidentale, c’est le droit, pas le Mac Do. Le fait que les non occidentaux puissent opter pour le 2nd n’implique pas qu’ils acceptent le 1e ». Se divertir, n’est pas se convertir : pas de culture universelle mais plutôt une tentative par l’Occident d’universaliser sa propre culture, dont les fondements sont la séparation dupouvoir entre le spirituel et le temporel, l’Etat de droit, le pluralisme social et l’individualisme entre autres.
S. H. a classé les réactions à l’Occident et à la modernisation selon trois catégories :
– Le rejet. Pratiqué en 1542 jusqu’au milieu 19e par le Japon (jusqu’à l’ère Meiji qui s’ouvre en 1868.)
– Le kémalisme. Fondé sur l’idée que la modernisation est désirable et nécessaire, que laculture indigène est incompatible avec la modernisation. Modernisation et occidentalisation se renforcent mutuellement et doivent aller de pair.
– Le réformisme, c’est à dire combiner la modernisation avec la préservation des valeurs.
Le Japon, Singapour, Taïwan, l’Arabie Saoudite et à un moindre degré l’Iran, sont devenus des sociétés modernes sans s’occidentaliser. La modernisation…