Le droit est-il l’instrument du fort ou l’arme du faible ?

Dissertation de philosophie :
Le droit est-il l’instrument du fort ou l’arme du faible ?

Le droit est né de la nécessité d’organiser, de rectifier et d’équilibrer les rapports entre les hommes. Livrés à leurs passions, engendrant ainsi conflit et insécurité, ils ont donc instauré par nécessité des règles de droit se voulant impartiales et s’appliquantéquitablement. Mais les hommes sont-ils capables de consentir aux exigences nécessaires permettant l’instauration et le respect de ces règles ?
Kant considère les hommes comme insociablement sociables : sociables car voulant vivre en société par nécessité, mais insociables car ils ne sont souvent pas disposés à s’imposer ces exigences nécessaires.
Le droit serait alors soumis à des rapports de force etdeviendrait l’instrument d’une partie de la population pour en dominer une autre en privilégiant des intérêts particuliers.
On peut alors se poser la question suivante : le droit est-il réellement le même pour tous ? Est-il l’instrument du fort ou l’arme du faible ? Sur quoi est-il fondé ?
Pour répondre à ces questions, nous verrons si le droit, de par sa nature même, peut être considéré commeinstrument du fort, puis nous nous demanderons de même s’il peut être considéré comme arme du faible, et enfin nous poserons le droit comme transcendant les rapports de force pour fonder les rapports humains sur la raison.

En l’absence de lois, comme le montre Hobbes, l’homme est pris dans un cycle de violence qui n’en finit pas, car il cherche toujours à obtenir ce que l’autre possède, etquand finalement il parvient à le posséder, un autre homme cherche à s’en emparer. Une hiérarchie s’instaurerait ainsi entre les forts d’un côté, dominant les faibles de l’autre.
Le sophiste Calliclès, imaginé par Platon dans son Gorgias, considère qu’il existe un rapport de force naturel entre les hommes, et que ce rapport doit être respecté. Ainsi, instaurer des lois visant l’égalité en droitsdes hommes serait contre-nature, et l’inégalité serait parfaitement juste, car conforme à la «loi de la nature».
Mais vouloir ainsi rabattre le droit sur des rapports de force naturels est contraire au principe même du droit. En effet, dans une telle conception le droit serait fondé sur le fait : la violence existant, elle serait ainsi d’elle-même justifiée, ce qui est absurde. Le droit ne peutêtre fondé sur le fait, mais ce sont les fait qui rendent nécessaire l’instauration du droit : c’est en constatant les faits que les hommes ont établi la nécessité d’instaurer des règles de droit, afin de rectifier les rapports entre les hommes. Ainsi, le droit ne peut pas être fondé sur la force, car cela est contraire à sa nature même. Rousseau montre dans son Contrat social que l’idée de«droit du plus fort» se contredit en elle-même. Car si une telle notion existait, une force posée comme légitime car plus forte et qui serait surmontée par une autre force, perdrait ainsi toute légitimité : quand la force cesse, le «droit» cesse. Le droit n’aurait alors plus aucune valeur car, à partir du moment où l’on a les moyens de ne pas obéir, on n’y est plus obligé. C’est pourquoi Rousseauconsidère que l’on est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes.
Pascal ne reconnaît pas la justice humaine : les hommes ne tombent jamais d’accord sur la justice et doivent s’en remettre à la justice divine. D’après lui, le droit n’est qu’une justification de la force.
Une autre critique du droit est celle du marxisme, qui considère que le droit n’est en réalité qu’une apparence d’égalité endroit, purement formelle. En effet, d’après Marx, le droit ne sert que les intérêts des hommes les plus puissants qui s’en servent pour exploiter les classes inférieures. Celles-ci sont impuissantes car elles ne disposent pas des mêmes moyens pour exercer leurs droits, qui deviennent du coup caducs. La règle de droit serait alors coercitive, et quand la lutte des classes cessera, le droit devra…