Le juge judiciaire, juge de l’administration

Zimbabwe: Mugabe a déchiré l’Accord de Mbeki

L’Observateur Paalga (Ouagadougou)
13 Octobre 2008
Publié sur le web le 14 Octobre 2008
Cyr Payim Ouédraogo
« Même un idiot refuserait de signer ce compromis », a déclaré Morgan Tsvangirai devant plusieurs milliers de fidèles du MDC, réunis le dimanche 12 octobre 2008 dans la banlieue sud de la capitale, Harare. Et il a ajouté : « Là-dessus,nous ne ferons aucune concession », a prévenu Tsvangirai.
C’est dans une ambiance particulièrement dégradée près d’un mois après la signature, le 15 septembre, de l’Accord pour la formation d’un gouvernement d’union nationale que le médiateur de la crise zimbabwéenne, Thabo Mbeki, est arrivé hier dans la capitale de l’ex-Rhodésie du Sud.

Le motif est déjà connu : Le vieux lion (âgé de 84 ans), aupouvoir depuis 28 ans, et ses ouailles se sont taillé la part de Gaïndé, comme nous l’écrivions hier, en s’attribuant les postes-clés, notamment ceux de souveraineté, suscitant le courroux du leader emblématique de l’opposition, Morgan Tsvangirai.
Pis, le chef de l’Etat s’est même payé le luxe de nommer deux vice-présidents, qui ont, illico presto, prêté serment dans la matinée du lundi 13octobre, à quelques heures de l’arrivée du médiateur. Avec ce geste, hautement grave, qui vient d’être posé à la grande surprise de tous, l’Accord, qui avait déjà pris un coup de fièvre, vient d’être déchiré ; et c’est clair, le vieux renard vient de renier Mbeki. Désormais, dans l’agenda de l’ex-président sud-africain, qui devait porter sur l’attribution des ministères, objet du dernier incident entreles protagonistes, et tous les autres sujets à aborder à Harare lors de ses rencontres avec les leaders politiques, figure en bonne place la question de ces nouveaux intrus du lundi 13. C’est donc dire que la tâche de Mbeki sera des plus ardues quand on sait que le vieux Bob s’arrange toujours pour être gagnant à tous les coups, ne se gênant pas, au passage, de jouer au trouble-fête ou àcache-cache avec les autres protagonistes.
Le chargé de médiation de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), fortement diminué par sa récente mise à l’écart de la présidence sud-africaine, aura de sérieuses difficultés à manÅ »uvrer son ami Mugabe, comptable d’un Zimbabwe malade économiquement, pour avoir atteint le plus fort d’inflation au monde avec 213 pour cent. Sa mission estd’autant plus périlleuse que son accord, qui n’a qu’un mois de vie, vient de prendre du plomb dans l’aile. Comme on l’a déjà dit, c’est clair que le président zimbabwéen est au moins fidèle à sa triste réputation : point de partage du pouvoir avec tout ce qui s’appelle Tsvangirai ou MDC.
Et à voir de près ce qui se passe, on a l’impression que le premier des Zimbabwéens compte emporter dans sa tombeson pays, meurtri, que de le laisser entre les mains de ses adversaires, qu’il a toujours assimilés à des comploteurs roulant pour l’Occident. Le médiateur n’a pas d’autre choix que de trouver un consensus sur le partage de ces ministères pour que l’accord ne paraisse pas, aux yeux du monde, comme une coquille vide, car, n’ayant pas eu, depuis le départ, un contenu clair et sérieux. Ce qui a donclaissé tout le loisir au vieux lion de le « croquer » sans aucune crainte de représailles.

Avec ce Mugabe insaisissable qui doit, maintenant et à gorge déployée, chanter le requiem de ses adversaires, on se demande si Thabo Mkebi ne devrait pas déménager à Harare pour marquer à la culotte les acteurs politiques zimbabwéens, apparemment très excités. Peut-être que cela ne changerait rien auprocessus actuel, mais au moins par cet acte, s’il devait échouer, il aurait donné tout le sens de son engagement pour un retour de la paix dans cet Etat, dont le chef règne selon ses humeurs et ses errements.
Zimbabwe: Un gouvernement de force – Robert Mugabe fait main basse sur tous les départements ministériels de souveraineté

Le Messager (Douala)
13 Octobre 2008
Publié sur le web le 13…