Le personnage d’antigone- sophocle, anouilh, bauchau

Le personnage d’Antigone

Antigone est considérée comme la plus belle pièce de Sophocle, parmi les sept qui nous sont parvenues. Nombreux sont les auteurs qui font l’éloge d’une pièce qualifiée sans cesse de sublime. L’admiration que cette pièce a provoqué à travers les siècles tient notamment au personnage d’Antigone. Le philosophe Hegel parle d’elle comme « la plus noble figure qui qoitapparue sur la terre. » On comprend que cette admiration de la part des écrivains ait pu être à l’origine de nombreuses réécritures. Celle d’Anouilh en est une. Elle nous amène à étudier précisément ce qu’est un modèle littéraire. Le Dictionnaire du Littéraire (De Paul Aron, Denis Saint-Jacques et Alain Viala, PUF, 2002) rappelle l’étymologie du mot : modèle, de modulus « désigne à la foisune ’mesure,une manière d’agir’ et un ’moule’. La notion de modèle garde trace de ces deux sens ». En littérature, elle désigne « un idéal esthétique, un exemple qu’on essaye d’imiter ». L’autre notion importante dans cette étude est celle de réécriture. L’œuvre d’Anouilh est explicitement une réécriture de la tragédie de Sophocle. Par son titre d’abord, mais aussi par les déclarations de l’auteur lui-même(voir texte figurant à la fin de l’édition aux éditions de la Table-Ronde. Etudier une (ou plusieurs) réécriture(s) d’une œuvres, c’est d’abord mobiliser des connaissances culturelles. C’est aussi repérer des phénomènes d’intertextualités (« les cas manifestes de liaison d’un texte à l’autre » in Le Dictionnaire du Littéraire

L’intérêt d’étudier le personnage d’Antigone en début de séquence estque cela permet d’aborder tous les grands thèmes de la pièce qui seront étudiés par la suite.

Commencer par lister et résumer les grandes scènes où Antigone apparaît dans la version d’Anouilh, c’est à dire presque toutes ! · Scène avec la nourrice (A. p. 13 sqq) : qu’est-ce que le personnage de la nourrice apporte à cette version de la pièce – puisqu’elle ne figure pas dans Sophocle ? Lanourrice s’apparente au personnage des suivantes de comédie. · Antigone/Ismène : réécriture (p. 21 sqq.) de la scène du prologue dans la version originale ; idem des pages 97 à 99. · Antigone/Hémon : un couple tragique (p.37 sqq.) · Antigone/les gardes. · La grande scène centrale de la pièce : Antigone/Créon : (p.62-97) : scène d’aveu ; réflexions sur le pouvoir et la tyrannie : confrontation entre letyran et la jeune femme ; fatalité du destin et faiblesses humaines et en même temps, liberté d’action ; grandeurs et misères de Polynice et Etéocle ; affrontement ; analyse du conflit, des origines familales ; · Antigone/Ismène (p.97-99) : reprise de la scène du prologue de la pièce de Sophocle. · Antigone/le garde (p.107-117) : les derniers instants d’Antigone. Une forme du tragique : l’erreursur soi-même. · Récit de la mort d’Antigone et de Hémon par le messager (p.118-119)

I Le parcours d’une héroïne tragique

1- La fille d’Œdipe :

Rappel de sa généalogie à des moments clés : Anouilh p. 56 « Je suis la fille d’Œdipe, je suis Antigone. Je ne me sauverai pas. » Les autres personnages reconnaissent aussi cette généalogie : Créon p. 68 reconnaît en elle l’orgueil d’Œdipe.

·Evoquer les origines d’Antigone, c’est insister sur la fatalité d’un destin tragique.

2- Le personnage de la jeune fille réécrit par Anouilh :

Dès le début de l’Antigone d’Anouilh, le prologue dresse son portrait (voir p.9-10). Ce portrait est repris par Créon p. 69 et 73 : la jeune fille amenée à accomplir un destin tragique est décrite comme un être frêle, fragile. Pourtant, ce qui lacaractérise, ce sont les défis qu’elle tente de relever.

· Le défi :
défier ses aînés : la nourrice, Créon ;
défi féminin/masculin (Créon) : dans la pièce d’Anouilh, elle défi l’autorité qu’il représente. L’opposition est d’un autre ordre dans le roman d’Henry Bauchau voir p. 67 et 69 ;
défier le pouvoir, l’autorité (cela prend la forme d’un interrogatoire- voir cours précédent)…