Léopold ii et le congo

Léopold II et le Congo

« Le roi est un rêveur : sa sympathie, en effet, il la destine à rien de moins qu’aux millions d’êtres négligés du continent noir. Les Anglais ne savent pas bien apprécier –parce qu’il ne s’y attache pas de dividendes- ce sentiment ardent, vivifiant et expansif qui cherche à répandre la civilisation parmi les races noires et à éclairer, par le rayonnement de la cultureeuropéenne, les sombres régions de la triste Afrique » Carnets de Stanley, explorateur pour la Belgique.

Le souverain du royaume de Belgique, qui succède à son père en 1865 pour un règne de 44 ans, est à la tête d’un petit pays industrialisé dont il regrette la faible importance géopolitique et diplomatique. Pour accroître sa force politique, Léopold II, tout comme son père, est persuadé qu’ilest nécessaire d’obtenir un empire. Si son père avait échoué à ce projet, le souverain réussit, après la conférence de Berlin, à imposer aux puissances occidentales une main mise presque totale sur le Congo, à force d’arguments philanthropiques (en se positionnant contre la traite des noirs par exemple). Mais la réalité de cette colonie fut tout autre. Devant les besoins exponentiels de caoutchoucdes industries occidentales, le roi belge s’assure un monopole mondial -pour un temps- sur la production de cette matière première. Pour augmenter ses profits, il met alors en place un système colonial particulièrement impitoyable, qui pourrait avoir conduit à la mort près de la moitié de la population du pays, soit près de 10 millions d’habitants en moins de vingt ans.
De quelle manièreLéopold II s’est-il assuré l’hégémonie sur le Congo et comment a-t-il organisé son système colonial vivement dénoncé par les puissances occidentales dès les années 1900 ?
I. La construction de l’Etat Indépendant du Congo et du système colonial.

– une volonté farouche : Léopold II tient à la puissance de son pays, qu’il juge trop faible. Doté d’une ambition relativement marquée, il considère ainsique l’élévation de son pays passe par sa propre élévation. Aussi s’investit-il directement dans les conquêtes coloniales ; il se passionne d’ailleurs très tôt pour les récits d’explorateurs et les voyages. En 1876, il entreprend l’organisation à Bruxelles d’une conférence de Géographie, où une « Association Internationale pour l’Exploration et la Civilisation de l’Afrique Centrale », aussiappelée Association Internationale Africaine, est crée sous la présidence du souverain belge.
Dès lors, Léopold cherche à obtenir une reconnaissance d’un Etat qu’il dirigerait. Il engage pour cela un explorateur très célèbre, Henri Morton Stanley, qui a parcouru 11 000 kilomètres entre 1874 et 1875 pour terminer l’exploration du continent africain, et le convainc de travailler pour la couronne belge.Durant cinq ans, Stanley signe près de 400 traités avec les princes locaux pour acquérir les droits sur leur territoire, tout en construisant une quarantaine de postes, un grand nombre de ponts et de lignes de chemin de fer ainsi qu’un réseau de bateaux à vapeur. Il est surnommé par les autochtones « le briseur de pierre ». Malgré ses volontés pacifistes et des visions plutôt philanthropiquesenvers les indigènes, ce surnom marque aussi les nombreuses transformations imposées et l’avancée d’une logique marchande tournée vers le commerce international, ce qui correspond aux vœux de Léopold II.

– La conférence de Berlin et l’avènement du Congo belge: elle se tient à l’initiative du chancelier Bismarck du 15 novembre 1884 au 26 février 1885. Le contexte international est relativementfavorable à Léopold II : l’Allemagne souhaite en effet contenir l’avancée française en Afrique. Le souverain parvient ainsi assez aisément à faire reconnaître l’AIC comme un territoire souverain, l’Etat indépendant du Congo, dont il est unanimement reconnu comme le monarque. C’est en effet une possession personnelle, même si Léopold II investit également la Belgique (soutien financier dans les…