Les prenoms chez benvenistes
Selon Emile Benveniste, le discours s’oppose au récit. Le récit n’implique pas le narrateur, il est non engagé. Le discours implique un engagement du narrateur.
Benveniste a classé les tiroirs verbaux selon qu’ils étaient utilisés plutôt dans le récit ou plutôt par le discours. Par exemple, le passé composé marque un engagement du locuteur, au contraire du passé simple.
Certains mots, dans lamesure où ils font référence à la situation d’énonciation, impliquent le locuteur : ce sont les déictiques (ici, maintenant, la veille, je, tu). Le passé composé, dans son usage habituel, fait référence à la situation d’énonciation, contrairement au passé simple, qui en est coupé. Le passé simple est donc un temps du récit, et le passé composé un temps du discours. Il est à ce propos remarquablequ’on n’utilise presque jamais le passé simple à l’oral, où l’on fait forcément constamment référence à la situation d’énonciation ; l’écrit permet une distance avec cette dernière, d’où l’importance alors du passé simple.
En grammaire traditionnelle, on appelle discours un ensemble de mots étudiable. Il existe, selon Jean-Michel Adam, cinq types de discours : narratif, descriptif, explicatif,argumentatif et dialogal. Jean-Paul Desgoutte
2. Le discours et le récit
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Le langage s’enracine simultanément dans le réel, l’imaginaire et le symbolique. Outil de communication, il participe de l’action de l’homme sur le monde, support de représentation, il ouvre l’accès à une autre scène, métaphorique, et à un univers logique, symbolique, dont lanécessité échappe aux contraintes spatio-temporelles qui régissent le réel.
L’opposition entre histoire et discours (ou encore récit et discours) a été introduite par Emile Benveniste, sur la base d’une analyse des systèmes du temps du verbe en français.
«Les temps d’un verbe français ne s’emploient pas comme les membres d’un système unique, ils se distribuent en deux systèmes distincts etcomplémentaires. Chacun d’eux ne comprend qu’une partie des temps du verbe; tous les deux sont en usage concurrent et demeurent disponibles pour chaque locuteur. Ces deux systèmes manifestent deux plans d’énonciation différents, que nous distinguons comme celui de l’histoire et celui du discours [1].»
Nous trouvons donc ici une correspondance linguistique formelle à la partition psychologique précédemmentconsidérée entre l’univers du discours et l’univers du récit.
«L’énonciation historique, aujourd’hui réservée à la langue écrite, caractérise le récit des événements passés. Ces trois termes, “récit’, “événement”, “passé”, sont également à souligner. Il s’agit de la présentation de faits survenus à un certain moment du temps, sans aucune intervention du locuteur dans le récit. Pour qu’ils puissentêtre enregistrés comme s’étant produits, ces faits doivent appartenir au passé. Sans doute vaudrait-il mieux dire : dès lors qu’ils sont enregistrés et énoncés dans une expression temporelle historique, ils se trouvent caractérisés comme passés [2].»
Mais l’opposition entre récit et discours ne se fonde pas uniquement sur une opposition temporelle, elle procède également de l’opposition des“personnes”. L’énonciation “discursive” est le lieu de la confrontation des personnes je / tu alors que l’énonciation “historique” est le lieu de la troisième personne il, (ou encore non-personne selon l’expression d’Émile Benveniste [3]).
Le discours se caractérise par la coprésence de deux ou plusieurs interlocuteurs qui l’élaborent conjointement, dans un rapport intersubjectif présent et réel, alors quel’histoire se caractérise par la réduction des subjectivités à travers la personne du narrateur. L’histoire est un discours clos, elle révèle une scène radicalement étrangère à l’instance de l’énonciation.
[Le récit historique se définit également] comme le mode d’énonciation qui exclut toute forme linguistique “autobiographique”. L’historien ne dira jamais je ni tu, ici, ni maintenant,…