Les représentation de la femme chez chateaubriand et musset

Analyse thématique comparé du thème de la femme

Nous verrons dans cette analyse la féminité selon deux idées principales, nous l’évoquerons en rapport direct avec les deux œuvres à l’étude et nous soulèverons les questions relatives à l’imaginaire qu’elle inspire. Ainsi dans la première partie il sera question de l’idéalisation de la figure féminine et de son caractère spirituel se détachantde la réalité. Le corps, dans la deuxième partie du texte sera sillonné, devenant accessoire à une morale sur les passions, il est la transition d’un état d’âme à un autre, établissant les circonstances d’une finalité spirituelle. Ainsi seront traversées les représentations de la féminité et l’imaginaire corporel qu’elle inspire.

La féminité est dans La confession d’un enfant du siècle commedans René est empreinte d’une abstraction à la réalité. D’abord l’esquisse faite de Brigitte, sa psychologie autant que sa physionomie s’ancrent dans un imaginaire surpassant le matériel et s’élevant vers une dimension spirituelle.

« Oui à travers tous ses orages, toutes ces forêts, toutes ces montagnes, elle va et vient, simple et voilée, portant la vie [là] où elle manque, dans cettepetite tasse fragile, caressant sa chèvre en passant. […] il me semblait que, si j’avais essayé de l’aider, si j’avais étendu la main pour lui épargner un pas, j’aurais commis un sacrilège et touché aux vases sacrés. » P. 149

Observé de l’extérieur, décrite avec une passion enflammée, de façon quasi-mythique; Brigitte rejoint avec toute sa grandeur d’âme, un certain imaginaire religieux. L’évocationd’une perfection morale intouchable, d’une pureté d’âme surélevée, la rend inaccessible sur les plans corporels et émotifs puisque celle-ci semble surpasser les besoins humains, dépasser l’homme même et ses instincts charnels. L’admiration, la surélévation de la femme aimée, articulées par Musset comme par Chateaubriand, se rapprochent du regard que porte l’enfant sur sa mère, naïf, aimant,inconscient de son amour affable. Ainsi sœur et amante matérialisent la figure maternelle et l’amour œdipien, dont la vierge Marie est l’initiatrice. Chateaubriand s’évade ainsi dans un imaginaire féminin qui rejoint la pureté et l’inaccessibilité féminine. Il dépeint une Amélie surhumaine, admirable pour sa pureté intouchée, elle devient symboliquement l’incarnation de Marie. Personnifiant lesacrifice passionnel au nom de la vertu, elle est l’esthétisme sans imperfections de l’imaginaire d’un siècle désabusé.
« Amélie avait reçu de la nature quelque chose de divin ; son âme avait les mêmes grâces innocentes que son corps ; la douceur de ses sentiments étaient infinie ; il n’y avait rien que de suave et d’un peu rêveur dans son esprit ; on eut dit que son cœur, sa pensée et sa voixsoupiraient comme de concert ; elle tenait de la femme la timidité et l’amour, et de l’ange la pureté et la mélancolie. » P.163

Les conceptions de Musset et de Chateaubriand sont contradictoires lorsqu’entrent en contexte les perceptions relatives à la corporalité féminine et à la morale impliquée dans l’élaboration de ce thème. Chez Musset le corps est consommé, Brigitte, lorsqu’elle rencontreOctave, est veuve et lui avouera même s’être donnée à un homme avant le mariage. C’est principalement par cette entaille à la chasteté, par se libertinage passionnel que se distancie Musset de Chateaubriand. Brigitte refusera l’amour d’Octave, elle veut extraire son corps aux passions qui l’assaillent, fuir ses désirs. Il y a transgression de la liturgie corporelle, de la pureté qu’inspire d’abordBrigitte dans La confession d’un enfant du siècle, c’est la chute de la pureté morale par la conquête physique qu’effectue Octave. Brigitte sera prisonnière de son altruisme, sa moralité l’enfermera dans une affection déchirante, irréparable. Une fois dominée corporellement elle sombrera dans une longue déchéance psychologique. Brigitte devenant une amante, s’imprègne d’une humaine imperfection,…