Les rêves

« Le rêve est le phénomène que nous n’observons que pendant son absence. Le verbe rêver n’a presque pas de présent. Je rêve, tu rêves. »
[Paul Valéry] Extrait de Tel quel

Tout le monde rêve. L’homme passe près de 10% de sa vie à rêver et ces histoires courtes que l’on met en scène durant notre sommeil prennent des tournures souventétranges, parfois effrayantes. Le rêve est au cœur de la vie des hommes et on est loin d’avoir percé tous ses mystères …
Je vais tenter tout au long de ce travail de répondre aux questions que l’on se pose couramment à ce sujet : Quand rêve-t-on ? Pour quelles raisons ces images troublantes et parfois bizarres nous apparaissent-elles? D’où proviennent-elles ? Et quel sens peut-on donner à ces rêves ?Je vais également vous exposer la conception des rêves dans l’Antiquité et illustrer cela en traduisant un extrait de « Traité des rêves » d’Aristote. Ensuite, je développerai en quelques lignes la théorie de Freud concernant ce phénomène et je finirai par vous donner uneexplication scientifique des psychanalystes d’aujourd’hui.

L’époque de l’Antiquité voit la conception du rêve définie par son rapport indissociable avec la réalité. On croit à ses rêves comme on croit à l’existence des Dieux, et ils ont une influence sur le mode de vie des civilisations de l’époque. On y cherche l’explication et la guérison de certaines maladies, et on le pense révélateur del’avenir. Le rêve est alors considéré comme une révélation divine, il est mis en rapport avec le monde des êtres surhumains, des démons et des Dieux. L’histoire raconte l’existence d’une puissante prophétesse, la pythie, située dans le temple d’Apollon, où le peuple venait pour connaître l’avenir, ou poser des questions auxquelles il ne pouvait pas répondre. Ainsi, la Pythie, assise sur untrépied ou siège élevé sur trois supports, au-dessus du gouffre béant d’où s’échappaient les prétendues exhalaisons prophétiques, elle rendait ses oracles dans le temple d’Apollon.
On constate tout de même que cette conception du rêve n’est pas acceptée par tous. Un des premiers philosophes, Aristote, a une théorie, qui contredit justement cette vision surnaturelle du rêve.

Aristote fait de ce rêveprophétique une simple coïncidence mais cette conception est assez « moderne » pour la civilisation de l’époque qui entretient avec le monde un rapport surnaturel. Parmi les neuf Opuscules de son livre de psychologie, se trouve le traité des rêves dans lequel il nous livre sa conception des rêves :
Voici, rapidement résumé, le processus du rêve selon Aristote:
 » Il est clair que nous nesentons rien durant le sommeil. Ce n’est donc pas par la sensation que nous sentons le rêve. » En fait, écrit Aristote dans le Traité des rêves,  » le rêve appartient à la sensibilité.  » Nous sommes donc des êtres sensibles, et le rêve appartient à notre imagination. Tout ce quenous vivons et ressentons au cours des journées fondent nos rêves la nuit.
Aristote cite la théorie du rêve de Démocrite. Il explique les rêves par la pénétration, à travers les pores du corps, des eidola* émis par les êtres vivants qui nous environnent. Pour lui, ces eidola transportent aussi les sentiments, les pensées, les émotions de celui d’où ils proviennent. Mais Aristote ne croit pasun instant aux effluences, pour lui, les rêves relèvent de la nature.
On peut dire qu’Aristote a en quelque sorte introduit l’analyse psychique du rêve, reprise plus tard par Freud.

Traduction texte grec : extrait des chapitres I & II du « Traité des rêves » d’Aristote

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*Le terme le plus courant pour image, eidôlon [???????], a pour…