L’etranger de visconti

L’Etranger de Visconti

Le film est fidèle au roman à 100%. En effet c’était la condition qu’avait posée la veuve de Camus. Pourtant, inscrire l’errance de Meursault dans le contexte de la guerre d’Algérie (ce qui figurait dans le scénario original), c’était – selon Visconti – dévoiler « vraiment ce que Camus signifiait ».

La genèse de L’Etranger

De son vivant, Albert Camus a toujoursrefusé de voir porter à l’écran L’Etranger. Après sa mort, sa veuve contacta le producteur Dino De Laurentiis, exigeant de choisir elle-même le scénariste et le réalisateur. Son choix s’arrêta finalement sur Luchino Visconti, après que Mauro Bolognini, Joseph Losey et Richard Brooks furent pressentis pour la mise en scène ; et Marcello Mastroianni qui s’est libéré suite à l’ajournement du tournage de Ilviaggio di mastorna de Federico Fellini, incarna Meursault, alors que Jean-Paul Belmondo, puis Alain Delon, avaient été initialement choisis. Mastroianni finança lui-même une partie du film.

Les récompenses du film

L’Etranger fut présenté lors du Festival du Film de Venise en 1967, et remporta une nomination lors des Golden Globes – dans la catégorie meilleur film étranger – l’annéesuivante.

Critique spectateur : Il est plaisant de voir une telle adaptation après l’étude longue et passionnante de l’ouvrage original. Pourquoi la société devrait-elle nous dicter notre façon de réagir face à la mort? Mastroianni, grand acteur.

Télérama

Un Visconti très rare, à nouveau visible en salles, voilà qui provoque forcément la curiosité. Sorti en 1967 (après Sandra, avant Les Damnés),L’Etranger a-t-il été injustement rejeté à l’époque ? Non, puisque ses défauts « constitutifs » sont toujours là. Quelle est cette Algérie où tout le monde parle italien ? Marcello Mastroianni, qui respire la lucidité, mais certainement pas l’indifférence, était-il le bon choix pour jouer le héros « inatteignable » de Camus ? Et comment pardonner à Visconti les longues, les lourdes scènes deprocès, où l’assistance réprobatrice s’évente en rythme et s’indigne en choeur ?

Mais on en connaît qui élisent un film pour une scène, un plan. Alors, oui, L’Etranger recèle quelques trésors isolés, oubliés. Le vide soudain palpable, très existentiel, d’un dimanche après-midi à la fenêtre, dans la chaleur hostile, dangereuse d’Alger. La beauté émouvante, curieusement méconnaissable d’Anna Karina,en ultime maîtresse de Meursault-Marcello. Et le dernier mouvement, huis clos dans la cellule du condamné à mort. Soit en plans serrés, expressionnistes, un dialogue de sourds avec le prêtre (Bruno Cremer). Puis, au son du beau monologue final, élégiaque et réconcilié, le visage de Mastroianni complètement redessiné par la pénombre, transfiguré.

LePoint.fr

L’Étranger n’en mérite pas moins unedeuxième chance, d’abord parce que Visconti a rarement utilisé la couleur avec une telle virtuosité. On retient des images d’une beauté fulgurante : des paysages brûlés par le soleil, le bleu aveuglant de la mer, et le visage hanté de Mastroianni, que Visconti jugeait trop charnel pour le rôle (il aurait voulu Delon) et qui compose un Meursault certes inattendu, mais finalement assez troublant àforce d’opacité, un véritable antihéros.

Critikat.com

En 1967, Visconti replonge dans l’ambiance de l’Alger coloniale des années 1930, ainsi que dans le texte d’Albert Camus. Marcello Mastroianni ne convainc pas vraiment en meurtrier indifférent à tout.

C’est vingt-cinq ans après avoir été frappé par la lecture du roman d’Albert Camus que Luchino Visconti adapta finalement L’Étranger aucinéma. Entre l’écriture en 1935, et l’adaptation de 1967, le contexte politique de l’Algérie avait pour le moins changé. Le cinéaste italien a néanmoins opté pour la retranscription fidèle de l’œuvre littéraire.

Concernant le début le plus célèbre de l’histoire de la littérature, Visconti botte en touche, et repousse le fameux « Aujourd’hui, maman est morte » à la deuxième séquence. En…