Louis 16

LOUIS XVI
(né le 23 août 1754, mort le 21 janvier 1793)
Roi de France : règne 1774-1791. Roi des Français : règne 1791-1792
Partie 1/7
Né à Versailles le 23 août 1754, il était le second fils de Louis, dauphin de France, et de Marie-Josèphe de Saxe. Il reçut en naissant le titre de duc de Berry. Son âme franche et sans déguisement s’ouvrit de bonne heure à tous les sentiments vertueux, et sonesprit droit et sérieux à toutes les connaissances utiles. Mais la fermeté et une juste confiance en lui-même manquèrent à son caractère, et ce défaut rendit inutile ou funeste tout ce qu’il avait reçu ou acquis pour sa gloire et pour le bonheur de ses peuples.
Son éducation fut celle des rois dont les instituteurs oubliaient trop souvent que la même doctrine qui leur enseigne à modérer leurpouvoir, leur commande surtout de le maintenir. En 1765 il perdit son père, qui laissait tant de regrets, et bientôt après sa mère qui ne put survivre à son époux. La douleur du jeune prince fut extrême : il refusa longtemps de sortir ; et lorsqu’en traversant les appartements il entendit

dire pour la première fois : « Place à Monsieur le dauphin », des pleurs inondèrent son visage et ils’évanouit.
Le premier événement de sa vie fut son mariage avec la fille de l’immortelle Marie-Thérèse, Marie-Antoinette d’Autriche, qui devait partager son trône et ses malheurs. Les fêtes données à l’occasion de ce mariage (16 mai 1770), mal ordonnées par la police, coûtèrent la vie à un grand nombre de spectateurs ; triste présage du sort qui attendait ces époux infortunés. Bientôt la mort de Louis XV(10 mai 1774) lui imposa un fardeau qu’il n’accepta qu’en tremblant. La faveur publique s’attache d’ordinaire aux jeunes rois : Louis XVI, âgé de vingt ans, la méritait à bien d’autres titres, et il en reçut à son avènement au trône les témoignages les moins équivoques.
Son premier soin avait été d’appeler au ministère M. de Machault, digne de cet honneur et capable de diriger la jeunesse dumonarque dans les circonstances difficiles où se trouvait l’État. Une intrigue de cour l’écarta et mit à sa place le comte de Maurepas, courtisan profond dans l’art de l’intrigue, superficiel dans tout le reste, et dont le grand âge n’avait pu guérir l’incurable frivolité. Trop vieux pour un roi de vingt ans, et qui avait besoin d’être enhardi, il intimida sa jeunesse sans guider son inexpérience.Louis XVI avait de la bonté dans le cœur, mais quelque rudesse dans les manières ; et ses premiers mouvements contre tout ce qui s’écartait de l’ordre, se ressentaient de la franchise de son caractère et de l’austérité de ses vertus. M. de Maurepas qui se jouait des choses les plus sérieuses et voyait tout avec indifférence, adoucit beaucoup trop cette disposition qui ressemble quelquefois à de laforce de caractère, et peut du moins en dissimuler l’excessive débonnaireté. Dès lors Louis XVI n’agit que sous l’inspiration de ses ministres ; il appela successivement ceux que lui désignaient d’une part Maurepas, et de l’autre, une prétendue opinion publique, que l’intrigue et les intérêts personnels font parler à leur gré, et qui malheureusement est la seule que les rois soient condamnés àentendre.
Ce furent : Turgot, partisan fanatique de cette politique matérialiste, qui ne voit dans le gouvernement des peuples que de l’argent, du commerce, du blé et des impôts, fier de se croire le chef d’une secte dont il n’était que l’instrument ; Malesherbes, ami de Turgot, qui avait à la fois des vertus antiques et des opinions nouvelles ; Saint-Germain, élevé dans les minuties de la tactiqueallemande qui détruisit le plus ferme rempart de la royauté, la maison du roi, dont la bravoure et l’incorruptible fidélité ne pouvaient racheter aux yeux des faiseurs militaires ce qui lui manquait en précision dans les manœuvres et en rigidité dans la discipline ; Necker enfin, banquier protestant et Genevois, et à ce double titre, imbu de cette politique rétrécie qui veut régler un royaume…