Manifestation

Définition
Si, dans le langage courant, on emploie souvent le terme de « croissance » dans le cadre d’évolutions à court terme, les économistes l’utilisent conventionnellement pour décrire une augmentation de la production sur le long terme. Selon la définition de François Perroux, la croissance économique correspond à « l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’unindicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels. »[5]. La définition de Simon Kuznets va au-delà et affirme qu’il y a croissance quand la croissance par tête augmente, c’est-à-dire lorsque la croissance du PIB est supérieure à la croissance de la population. À court terme, les économistes utilisent plutôt le terme d’« expansion », qui s’oppose à « récession », et quiindique une phase de croissance dans un cycle économique. La croissance potentielle estime l’écart entre la croissance mesurée et celle qui serait obtenue avec une pleine utilisation de tous les facteurs de production ; cet écart est minimal au plus fort d’une expansion.

Au sens strict, la croissance décrit un processus d’accroissement de la seule production économique. Elle ne renvoie donc pasdirectement à l’ensemble des mutations économiques et sociales propres à une économie en développement. Ces transformations au sens large sont, conventionnellement, désignées par le terme de développement économique. Selon François Perroux, « le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rend apte à faire croître, cumulativement et durablement, sonproduit réel global. »[5] Le terme de « croissance » s’applique alors plus particulièrement aux économies déjà développés.
La mesure de la croissance
La croissance économique est généralement mesurée par l’utilisation d’indicateurs économiques dont le plus courant est le produit intérieur brut (PIB). Il offre une certaine mesure quantitative du volume de la production. Afin d’effectuer descomparaisons internationales, on utilise également la parité de pouvoir d’achat, qui permet d’exprimer le pouvoir d’achat dans une monnaie de référence. Pour comparer la situation d’un pays à des époques différentes on peut également raisonner à monnaie constante.
L’indicateur du PIB reste cependant imparfait comme mesure de la croissance économique. Il est pour cela l’objet de plusieurs critiques :Il ne mesure ainsi pas, ou mal, l’économie informelle. Une part importante des transactions, non déclarée, est ainsi perdu pour les statistiques comme le fisc.
Même s’il prend en compte la production des activités non marchandes, il ne mesure pas l’activité de production domestique (ménage, potagers, etc.). Selon la boutade d’Alfred Sauvy, il suffit de se marier avec sa cuisinière pour fairebaisser le PIB.
Il ne mesure que les apports de valeur ajoutée dans l’immédiat (sur une année). Les effets de long terme, notamment dans des services tels que l’Education ou la Santé, ne sont pas ou mal comptabilisés à travers leur impact sur la production.
Le PIB ne mesure que la Valeur Ajoutée produite par les agents économiques résidents. Il ne prend donc pas en compte les transferts deressources internationaux, alors que ces derniers représentent souvent une part importante de leur richesse nationale. Il est possible d’utiliser un outil plus pertinent tel que le Revenu national brut.
Enfin, il ne prend en compte que les valeurs ajoutées, et non la richesse possédée, par un pays, sans distinguer les effets positifs ou négatifs sur le bien-être collectif. Une catastrophe naturelle(Katrina détruisant La Nouvelle-Orléans, par exemple), qui détruit de la richesse, va pourtant contribuer au PIB à travers l’activité de reconstruction qu’elle va générer. Cette contribution ne reflète pas la destruction antérieure, ni le coût du financement de la reconstruction. Cette contradiction était dénoncée dès 1850 par l’économiste français Frédéric Bastiat qui dans son Sophisme de la vitre…